Assassinat de Mireille Knoll : le texte puissant de Simone Bitton
Simone Bitton est née le 3 janvier 1955 à Rabat, au Maroc. Elle est réalisatrice de documentaires, sans doute l'une des plus douées de sa génération. Certains de ses films, comme Rachel ou Le Mur, dénoncent la colonisation et l'occupation israélienne en Palestine.
Elle a 11 ans quand sa famille part s'installer en Israël. En 1973, pendant la guerre d'octobre, elle sert comme soldat dans l'armée israélienne. C'est cette expérience qui la transforme en pacifiste. Elle vit aujourd'hui à Paris. Elle a posté sur facebook un texte puissant sur la mort de Mireille Knoll, cette octogénaire de confession juive lâchement assassinée vendredi 23 mars à Paris. Nous trouvons important qu'il soit lu du plus grand nombre.
"Je suis juive, je vis à Paris, et serai bientôt une vieille dame. Je suis Mireille Knoll, et je pleure sa mort terrifiante comme si elle était ma mère ou ma sœur. Sur les photos, la gentillesse de son regard et de son sourire me retourne les tripes. Comme elle, je vis seule dans un quartier populaire où il y a beaucoup de musulmans et beaucoup de juifs, et j’ai un peu trop tendance à ouvrir ma porte aux uns comme aux autres, et à tout le monde en fait. Il y a aussi plein de noirs d’Afrique, de chinois, de pakistanais, de kurdes, et que sais-je encore. Il y a des migrants qui dorment dans la rue et des voisins gentils qui leur servent un petit déjeuner chaque matin depuis plus de deux ans. Il y a de tout, même des bretons et des portugais. L’école des Loubavitch et la boucherie Halal sont sur le même trottoir, des deux côtés de la bibliothèque publique. Il y a aussi quelques junkies et autres dealers. C’est un super quartier très joli et super branché, mais parfois un peu chaud. Pourquoi je dis tout ça? Parce que j’ai une déclaration importante à faire, que voici:
Si un jour, je suis trucidée par un voyou cinglé drogué du quartier qui en profiterait pour crier Allahou Akbar en emportant mon porte-monnaie, j’interdis à quiconque de venir avec un drapeau israélien et une carte du CRIF au rassemblement ému que vous ne manquerez pas, mes amis, d’organiser à ma mémoire. Et si Meyer Habib s’avisait de venir danser sur ma tombe, j’espère que quelques costauds parmi vous le chasseront avec des pierres. Ok ?"
Nadir Dendoune