Simone Veil : une exposition à Paris met à l’honneur la pionnière
« Nous vous aimons, Madame » ! Un bien joli titre pour une exposition que consacre la Ville de Paris à Simone Veil. De son enfance à son rôle politique en passant par sa déportation pendant la deuxième guerre mondiale, on découvre les multiples facettes d’une femme pionnière et très attachée à la dignité humaine.
Evoquez Simone Veil, c’est tout de suite parler de son fameux discours à l’Assemblée Nationale pour la loi pour l’IVG votée en 1979. Mais Simone Veil, c’est beaucoup plus que ça. Une femme qui a révolutionné le monde machiste du travail et de la politique. Pionnière en tant que magistrate, ministre, ou présidente du parlement européen, elle aura toujours ce rôle de première de cordée.
L’exposition que lui consacre la Ville de Paris, « Nous vous aimons, Madame » (tirée de l’expression de Jean d’Ormesson lors de l’entrée de Simone Veil à l’Académie Française) lève le voile sur la vie (ou plutôt sur les vies) de Simone Veil avec près de 500 pièces dont des documents inédits, des photos de famille mais aussi sur des rôles que l’on lui connait moins comme celui d’inspectrice générale des prisons.
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Une femme touchée dans sa chair
Née dans une famille juive à Nice en juillet 1927, on parcourt les tendres années de l’enfance de Simone Jacob à travers de jolies photos de famille. Elle y vivra jusqu’à son arrestation par la Gestapo le lendemain des épreuves du baccalauréat, le 30 mars 1944. Une partie de l’exposition est consacrée à sa déportation au camp d’Auschwitz-Birkenau. Simone Veil a toujours pris soin de témoigner de cette épisode de sa vie qui l’aura marqué à l’âge de 16 ans.
De retour en France, elle suit des études de droit et se marie avec Antoine Veil. Fait surprenant pour l’époque, elle décide de travailler en tant que magistrate alors qu’elle est mère de deux enfants.
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La magistrate sauveuse de membres du FLN
On connait son rôle dans la loi sur l’IVG en tant que ministre de la Santé. On retrouve ainsi outre son discours (qu’elle même croyait perdu) pour la loi, des photos de ses fonctions ministérielles ou en tant que présidente du Parlement Européen.
Un de ses rôles méconnus est celui d’inspectrice générale des prisons, alors qu’elle est magistrate. Cela lui permettra de sauver plusieurs membres du FLN qui subissaient des tortures en Algérie, comme nous l’explique le professeur de Sciences-Po et co-commissaire de l’exposition, Olivier Rozenberg. « Ce n’est pas un militante contre la prison. Elle accepte l’incarcération dans son principe mais elle est très attachée à la dignité et au respect des prisonniers. Ca l’amènera en Algérie en 1959 pour une tournée d’inspection des prisons qu’elle fait de façon assez risquée au terme de laquelle vont être rapatriés différents prisonniers FLN en Métropole pour leur éviter des traitements dégradants, des tortures, voire des exécutions sommaires. »
Une exposition agréable, instructive et pleine de surprises pour découvrir une grande dame, épris de justice.
« Nous vous aimons Madame », jusqu’au 21 aout 2021 à la salle Saint-Jean de la Mairie de Paris, entrée gratuite