Seconde chambre : Leila Benali sans langue de bois
L’exercice était particulièrement périlleux et il semble que la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable s’en est bien sortie. L’examen oral de Leila Benali devant les députés de la seconde chambre était consacré à des questions d’une extrême sensibilité telles que le stock national de produits pétroliers, les importations de gaz naturel liquéfié et ces histoires de gasoil russe.
Sur la question du stockage, la responsable a précisé que son département a programmé un vaste plan en partenariat avec le secteur privé, doté d’une enveloppe budgétaire quid dépasse 1,2 milliard de dirhams. Une initiative qui permettra d’ores et déjà de porter le stock à hauteur de 370.000 mètres cubes supplémentaires, représentant 6 à 17 jours en produits pétroliers, en plus d’un investissement de 700 millions de dirhams permettant de hausser le stock de 255.000 mètres cubes, soit 10 à 12 jours de stock, ajoutant que le niveau du stock national a connu une augmentation de 187.000 mètres cubes en produits pétroliers depuis début 2023, soit un volume de stockage entre 7 et 19 jours de consommation. Sans oublier la capacité de stockage de la raffinerie Samir qui est de 345.000 tonnes en gasoil, soit 22 jours de consommation.
Pour ce qui est du gaz naturel, d’après Benali, il est parfaitement prouvé que l’accès au marché international du GNL permet d’accélérer le développement des énergies renouvelables et d’abandonner les énergies fossiles, ainsi que de décarboner l’électricité et l’industrie et réduire la facture énergétique nationale. « Aujourd’hui, nous sommes en train d’accélérer les investissements dans les infrastructures gazières, et ce chantier est attendu depuis 2009 », a-t-elle précisé, notant que le volume des investissements du secteur privé dans ce domaine varie entre 4 et 8 milliards de dirhams à court terme.
D’autre part, le ministre a défendu le choix de passer par l’Espagne pour la consommation de gaz naturel en attendant la concrétisation de l’exploitation du gaz au niveau du Maroc : « S’il y a une confusion ou une hésitation sur les besoins du Maroc et sur l’efficacité du gaz naturel par rapport au carburant et au charbon, alors la meilleure preuve est que les importations enregistrées par le gazoduc via l’interconnexion commune entre le Maroc et l’Espagne ont augmenté de 167% au cours des quatre premiers mois de cette année ».
Pour surveiller la courbe des prix du carburant, Benali a annoncé la mise en place d’une commission technique comprenant des représentants de son département, du ministère de l’Économie et des finances et de la Caisse de compensation qui est chargée du suivi de l’alimentation du stock de produits pétroliers pour atténuer les conséquences de la flambée des prix internationaux sur le marché national.
Même la question des factures d’eau et d’électricité hausse a été abordée par la ministre qui a tenu à rappeler que la tarification actuelle n’a connu aucun changement ni augmentation depuis 2017 et que de toutes les façons aucune révision, aucune augmentation ne pourra se faire que dans le cadre d’une convention entre les autorités délégataires et les sociétés de gestion déléguée.
En somme, si on laisse l’experte (qui a derrière elle une forte expérience et réussie, de surcroît, dans le domaine de la transition énergétique) mener à bien sa stratégie, nul doute que le Maroc continuera à récolter les fruits de l’action climatique mais à terme, le royaume deviendra forcément indépendant du pétrole, ce qui fera finale
ment de la lutte contre le changement climatique une réussite collective et un projet de société.