Sciences Po Grenoble : enquête ouverte pour avoir dénoncé des profs « fascistes »

 Sciences Po Grenoble : enquête ouverte pour avoir dénoncé des profs « fascistes »

L’entrée du campus de Sciences Po Grenoble, le 8 mars 2021. Après plusieurs jours de silence, la direction de Sciences Po Grenoble, « condamne avec la plus grande fermeté » les accusations d’islamophobie visant deux de ses professeurs. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Les noms de deux profs ont été affichés dans l’enceinte de Sciences Po Grenoble. La mort de Samuel Paty est dans tous les esprits, une enquête pour injure publique a été ouverte.

Islamophobie contre islamo-gauchisme. La petite musique de la polémique continue de flotter dans l’air du côté de Sciences-Po Grenoble. Fin de semaine dernière, des affiches sont collées sur les murs de l’établissement. On y voit les noms de deux professeurs et des slogans tels que « L’islamophobie tue » et « Des fascistes dans nos amphis ». Les photos de ces affiches circulent activement sur les réseaux sociaux… Et la mort tragique de Samuel Paty résonne à nouveau dans les esprits. Aussitôt, une enquête a été ouverte pour « injure publique » et « dégradation » par le parquet de Grenoble.

Quitter immédiatement le cours

Ces deux enseignants sont en conflit avec l’Union syndicale Sciences Po Grenoble, premier syndicat étudiant de l’Institut d’Etudes Politiques. Ce dernier a porté plainte pour « discrimination syndicale ». L’un des professeurs aurait intimé l’ordre aux adhérents de l’Union syndicale Sciences Po Grenoble de « quitter immédiatement (ses) cours et de ne jamais y remettre les pieds ». Son cours est intitulé « Islam et musulmans dans la France contemporaine ». Le syndicat demandait que l’enseignement de ce maître de conférence soit retiré « des maquettes pédagogiques pour l’année prochaine si lors de ce cours des propos islamophobes y étaient dispensés comme scientifiques ».

Protections renforcées

Frédérique Vidal n’a évidemment pas tardé à réagir. On se souvient que le mois dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur avait réclamé une enquête au CNRS sur « l’islamo-gauchisme », pour faire la distinction entre ce qui relèverait de la recherche académique et ce qui relèverait du militantisme. Le CNRS lui avait répondu que l’islamo-gauchisme n’était pas une réalité scientifique.

Concernant la polémique au sein de l’IEP de Grenoble, Frédérique Vidal a dénoncé des « tentatives de pression et d’intimidation qui viennent troubler les missions de l’établissement ». La ministre a demandé une mission d’inspection et condamné ces accusations d’islamophobie contre les deux professeurs, tout comme l’a fait la direction de Sciences Po Grenoble. De son côté, Gérald Darmanin a précisé que les enseignants faisaient désormais l’objet de mesures de protection susceptibles d’être renforcées.

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