Santé à Gaza : les hôpitaux de campagne ne suffiront pas

 Santé à Gaza : les hôpitaux de campagne ne suffiront pas

Un médecin palestinien se prépare à évacuer des bébés prématurés de l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, suite à de nouveaux ordres d’évacuation israéliens pour la zone, le 26 août 2024. Photo : Eyad BABA / AFP

Suite à un nouvel ordre d’évacuation israélien, et sous la menace d’un bombardement, l’hôpital al-Aqsa s’est vidé de ses patients. Médecins sans frontières (MSF) a dû ouvrir un hôpital de campagne.

 

« Aucun hôpital de campagne ne peut remplacer un système de santé fonctionnel à Gaza », déclarait hier (28 août), le Dr Sohaib Safi, coordinateur médical adjoint de MSF à Gaza.

Selon l’ONG, ce sont près de 650 patients qui ont quitté précipitamment l’hôpital al-Aqsa de Deir al-Balah. Face à cette situation, MSF, en collaboration avec le ministère de la Santé gazaoui, a dû hâter l’ouverture d’un hôpital de campagne (27 août).

Hôpital de campagne monté par Médecins Sans Frontières le 27 août 204, suite à l'ordre d'évacuation de l'hôpital al-Aqsa, menacé de bombardement israélien.
Hôpital de campagne monté par Médecins Sans Frontières le 27 août 204, suite à l’ordre d’évacuation de l’hôpital al-Aqsa, menacé de bombardement israélien. Photo : MSF

 

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« La structure a commencé à recevoir les premiers patients malgré une grave pénurie de fournitures et de ressources », précise l’ONG dans un communiqué (28 août).

Une solution par défaut qui ne peut être que temporaire, rappelle le Dr Safi : « Il s’agit d’une solution de dernier recours pour fournir des soins médicaux urgents. Mais c’est vraiment une goutte d’eau dans l’océan ».

Hôpital vidé

Les ordres d’évacuation de l’armée israélienne se sont multipliés en ce mois d’août. Quasiment un tous les deux jours. Relativement épargnée jusqu’ici, la zone de Deir al-Balah a cette fois-ci été ciblée.

Situé à proximité immédiate de cette zone, l’hôpital al-Aqsa a senti le souffle d’une explosion à environ 250 mètres de ses murs, selon MSF. La crainte d’un bombardement de l’hôpital a poussé tout le monde à fuir aussi vite que possible.

Un contraste saisissant pour le Dr Safi : « L’hôpital est presque totalement vide (…) Avant l’ordre d’évacuation et les explosions, l’hôpital était tellement bondé que les patients devaient parfois être soignés à même le sol (…) Ils étaient partout, faisaient souvent la queue devant l’hôpital ».

Système de santé en ruine

« Chaque structure de santé mise hors service augmente la pression sur celles qui restent, tout en diminuant l’accès des populations aux soins », confie Juliette Seguin, coordinatrice d’urgence de MSF. Et ce, d’autant plus que le système de santé est complètement sinistré à Gaza.

L’hôpital Al Ahli Arab, Al Shifa et bien d’autres ont subi des attaques depuis le 7 octobre dernier. A Gaza, 20 hôpitaux sur 36 ne sont plus fonctionnels, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Outre le fait de ne pas pouvoir absorber tous les patients venant des hôpitaux, MSF rappelle que « les structures temporaires telles que les hôpitaux de campagne n’ont pas la capacité d’offrir des soins chirurgicaux avancés ».

 

Charly Célinain