Sans-abri, mal-logés : les grands perdants des JO de Paris 2024

 Sans-abri, mal-logés : les grands perdants des JO de Paris 2024

crédit photo : Dimitar DILKOFF / AFP

Expulsés, sans cesse déplacés, les sans-abri et mal-logés, errant dans la capitale, ne font pas partie du tableau idyllique voulu, dans cette euphorie généralisée autour des Jeux Olympiques.

 

Loin de la ferveur et du bouillonnement du village olympique accueillant les athlètes du monde entier, les sans-abri et mal-logés de la capitale sont, eux, laissés à la rue. Mardi soir (6 août), place de la Bastille, les policiers se sont déployés et ont expulsé environ 150 personnes installées dans une centaine de tentes dans un temps record. Depuis le 2 juin, l’association Droit au Logement (DAL) avait installé ce campement d’une trentaine de tentes. Mardi à 15h, l’association Utopia 56 accompagnait des familles à la rue et les aidait à déplier leurs tentes, dans le campement déjà installé place de la Bastille. Jusqu’alors toléré par la préfecture, le rassemblement était devenu trop grand, trop voyant. Dès 20h30, les policiers commençaient à démanteler le camp.

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Hébergement stable

« Cette installation a pour objectifs indissociables l’hébergement stable des personnes sans-abris et un engagement de relogement des prioritaires DALO par l’État » rappelait Utopia 56. Cette dernière, comme le DAL, avait la volonté de mettre « en lumière les conditions de vie de ceux exclus de la promesse d’héritage social des Jeux olympiques et paralympiques » et d’obtenir des hébergements pérennes. Utopia 56 fustige le nombre insuffisant de places d’hébergement créées pour les personnes sans-abri installées à proximité des sites olympiques. Seules 216 places ont été créées alors que, selon l’association, « plus de 3 500 personnes dorment dehors chaque nuit dans la capitale ». Elle dénonce un « nettoyage social » mené depuis un an, en vue des JO.

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« Nettoyage social »

« Pour nous, le nettoyage social, c’est toutes les opérations d’évacuation des sans-abris qui ont lieu en ce moment (…) Ces évacuations se font parfois sans aucune solution de relogement et d’hébergement » regrettait en mars dernier, Antoine de Clerck, coordinateur du collectif Le Revers de la médaille. En juin dernier, celui-ci avait publié un rapport sur les expulsions des plus précaires de la région parisienne ces 18 derniers mois. Et ils ne sont pas les seuls à avoir documenter cette tendance. Selon les chiffres de l’Observatoire des expulsions des lieux de vie, entre le 1er mai 2023 et le 30 avril 2024, ce ne serait pas moins de 12 545 personnes en situation de précarité qui auraient été expulsées en Île-de-France. Cela représenterait une augmentation de 38,5% par rapport à la période 2021-2022.

Charly Célinain