Saly Diop raconte son histoire dans un livre « IMANI », ma foi
Destinée à se marier avec son cousin. Saly Diop avait menacé de porter plainte contre son père. Dans son livre « IMANI », elle se souvient et se raconte.
Née au Sénégal, Saly Diop arrive à l’âge de quatre ans en France. La famille s’installe dans la cité Beauval, à Meaux, qui passe pour être l’une des plus difficiles du pays. Elle y vit une enfance heureuse et insouciante. Le quartier est comme une grande maison où une communauté unie et solidaire s’entraide pour les petites et les grandes choses de la vie.
Dans cette cité où les familles restées attachées aux origines, perpétuent farouchement les traditions ancestrales. Saly a grandi dans un foyer polygame et découvre qu’elle a été excisée alors qu’elle était encore bébé !
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Au son du rap des grands frères, la jeune fille commence à rêver, c’était les années 90. Elle se voit bien chanteuse et rappeuse. Or, ses parents avaient un tout autre projet pour elle; se marier avec le cousin. Elle avait seulement quinze ans. La collégienne résiste et s’enfuit de la maison, menaçant de porter plainte contre son père. Consciente que seules les études pourront lui assurer la liberté. Elle tourne le dos à ses proches et creuse son sillon. A l’arrivée, Saly Diop est maire adjointe de Meaux, militante et auteure.
« Dire non à ses parents ce n’est pas renier qui nous sommes »
Malheureusement d’autres jeunes filles n’ont pas eu sa chance. Il lui est arrivé de célébrer des unions où elle a douté du consentement de l’épouse. L’élue se souvient qu’une fois la jeune mariée n’avait pas arrêté de pleurer tout au long de la cérémonie. Elle révèle son incapacité d’annuler le mariage faute d’éléments objectifs. Une circonstance douloureuse qui lui rappelle sa propre vie qu’elle raconte dans son livre « IMANI », ma foi, publié aux éditions Michalon.
C’est une immersion au cœur des traditions. Excision, violence et mariage précoce infligés aux femmes sont dénoncés. Les blessures d’une jeunesse issue de la diversité en mal d’intégration et rêvant d’un avenir meilleur y sont également dévoilées. Un témoignage authentique.
Éducatrice, Saly Diop est fière d’être élue en région parisienne. Elle a fondé l’association Imani qui lutte contre toutes les formes de violence et de discrimination faites aux femmes, aux jeunes et aux personnes vulnérables. En s’adressant aux jeunes femmes qui pourraient être dans une situation de contrainte, elle tente de rassurer : « dire non à ses parents, ce n’est pas renier qui nous sommes, ni notre culture, ni notre identité », plaide-t-elle.
En France, 200.000 femmes seraient victimes de mariage forcé. Le projet de loi confortant les principes républicains prévoit une disposition pour lutter contre ce fléau et protéger les jeunes femmes.
Heureuse et épanouie, Saly Diop vit aujourd’hui avec l’homme qu’elle aime et attend un enfant. Elle avoue que « le plus dur des combats est celui que l’on doit mener contre soi-même. »