Salma El Moumni lauréate du « Prix Roman des étudiants France Culture 2024 » pour « Adieu Tanger »
Le « Prix Roman des étudiants France Culture 2024 » a été attribué, mercredi 13 décembre, à la Marocaine Salma El Moumni, pour « Adieu Tanger » (Editions Grasset).
« Adieu Tanger » est arrivé en tête des votes du jury du Prix Roman des étudiants, composé de 1500 étudiants de toutes filières et de toute la France. Le premier roman de Salma El Moumni raconte le pouvoir destructeur du regard des hommes. De sa plume acérée, la jeune romancière marocaine explore la question du désir, de la dissociation et de l’impossible retour. Une entrée fracassante en littérature.
Les quatre autres livres en lice en 2023 étaient « Le Chien des étoiles » de Dimitri Rouchon-Borie (Editions Le Tripode), « Rocky, dernier rivage », de Thomas Gunzig (Editions Au Diable Vauvert), « Le plus court chemin » d’Antoine Wauters (Editions Verdier) et « Le Château des Rentiers » d’Agnès Desarthe (Editions de l’Olivier).
Soutenu par le ministère français de l’Enseignement supérieur et de la recherche et du Centre National du Livre (CNL), le Prix Roman des étudiants France Culture récompense chaque année une œuvre écrite en langue française issue de la rentrée littéraire.
L’adolescente veut comprendre le monde masculin
« Adieu Tanger » raconte l’histoire de Alia, une lycéenne qui habite Tanger. Chaque jour, elle réalise que son corps, qui est en train de changer, dérange dans les rues qu’elle emprunte. Elle se sent déshabillée du regard, sifflée, suivie, harcelée. Ses parents, croyant la protéger, lui demandent d’être discrète dans sa posture, sa manière de s’habiller. L’adolescente, rebelle, refuse et veut comprendre le désir masculin. Alors, Alia commence à se prendre en photo. Dans l’intimité de sa chambre, elle pose, s’allonge, observe ce corps que les hommes guettent.
Alia aime secrètement un garçon plus âgé qu’elle, mais se laisse finalement séduire par Quentin, un expatrié français de sa classe. Alors elle découvre que la liberté n’a que peu de poids face à la réputation d’une femme. Mais pour s’être refusée à Quentin, ses photos se retrouvent sur internet. L’article 483 du Code pénal marocain, condamnant à l’emprisonnement toute forme d’outrage public à la pudeur, ne lui laisse plus d’autre choix que la fuite. Alia fuit à Lyon, désormais sa ville d’exil, y travaille comme serveuse dans un restaurant sur la Saône.
Elle est devenue alors l’Arabe aux yeux des Français. Finalement rattrapée par le visage de Quentin qui menace de la faire sombrer dans la folie. Elle se pose des questions existentielles ; devra-t-elle à nouveau tout quitter pour survivre ? Partir si loin qu’elle doute à présent pouvoir un jour revoir Tanger…
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