Salahdine Parnasse, l’étoile des arts martiaux mixtes
Le champion du monde des moins de 66 kilos au KSW, Salahdine Parnasse vient de défendre sa ceinture face au polonais Daniel Rutkowski avec une victoire par étranglement arrière dans la 4e reprise. Une nouvelle prouesse pour le combattant de 24 ans que nous avions rencontré pour un portrait exclusif dans notre magazine. Rencontre avec l’étoile montante du MMA français.
Au MMA Center Fitness d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Salahdine Parnasse enchaîne les rounds en grappling (lutte), debout, sans jamais sembler s’essouffler. “Il a un cardio incroyable”, convient Stéphane Chaufourier alias Atch, son coach de toujours. “Il peut en faire plein comme ça. Et pourtant, il est blessé, il reprend à peine.”
Quelques minutes plus tard, le garçon s’installe en toute décontraction dans le vestiaire pour revenir sur son parcours, qui a débuté au même endroit, à l’âge de 11 ans. “J’ai grandi dans cette ville et, un jour, en passant devant la salle avec un copain, j’ai pris le bulletin d’adhésion et j’ai décidé de m’inscrire.”
A partir de là, tout va très vite pour le jeune homme, plongé dans son élément. “J’adorais les arts martiaux, les films de Bruce Lee, poursuit-il. J’ai commencé mes premiers combats à 11 ans et demi et j’ai tout de suite adoré.”
Il se rend tous les jours à la salle, bien souvent avant les autres. Il enchaîne les confrontations jusqu’à son premier coup d’éclat, à l’âge de 16 ans, lorsqu’il rem[1]porte le Road to the Contenders, un tournoi amateur. Dans la foulée, Atch le place chez les Contenders, sans protection. Et à 17 ans, le voilà qui participe à son premier combat de MMA en Belgique. “Un bon souvenir”, sourit-il.
En parallèle, Salahdine ne lâche pas les études : son CAP et son bac pro de technicien en installation des systèmes énergétiques et climatiques lui permettent de faire plaisir à sa mère et d’assurer ses arrières, car “une carrière peut prendre fin à tout moment avec une blessure”. L’idée qu’il a en tête, toutefois, est tenace : grandir dans son sport et devenir un combattant reconnu.
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Combats en Chine
Le Franco-Marocain se rend ensuite en Chine, où il découvre les joies de combattre loin de chez lui. “Lors du premier combat, j’ai largement dominé mon adversaire, mais les juges ont donné match nul, j’ai été volé. J’ai gagné la revanche, puis un autre combat contre un Mexicain dans la catégorie des 70 kg. Une première puisque je combats avec les 66 kg normalement.”
De retour en France, le protégé d’Atch enchaîne les succès et le KSW, la plus grosse organisation de combats de MMA en Europe de l’Est, le signe alors qu’il affiche un bilan de dix victoires pour aucune défaite.
Il n’y aura pas de round d’observation en Pologne : “Ils m’ont tout de suite mis face à des assassins !” Quatre victoires plus tard, Salahdine décroche la ceinture de champion du monde des 66 kg au KSW. Il n’a que 21 ans. Une précocité rare dans un sport où les champions sont souvent plus proches de la trentaine.
Une ascension fulgurante stoppée par l’Autrichien Daniel Torres, le 30 janvier 2021. Ce jour-là, Salahdine connaît sa première défaite. Un moment cruel mais salvateur pour le jeune homme : “Ça été très difficile, mais j’ai beaucoup appris de cette défaite, ça m’a permis de grandir en tant que sportif professionnel, je me suis dit que rien n’était acquis. Je me suis précipité en me jetant dans la gueule du loup, alors qu’il y avait cinq rounds, il valait mieux attendre.”
Moqué par ses détracteurs qui attendaient sa défaite – “C’est le jeu, sourit-il, plus tu gagnes, plus des gens veulent te voir tomber” –, le gamin d’Aubervilliers se relève vite en remportant un match, avant de prendre sa revanche sur Torres le 18 décembre 2021. Un combat qu’il domine de bout en bout.
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Un style explosif qui emballe le public
Combattant complet au cardio incroyable, Salahdine s’illustre par un style explosif qui emballe le public. Véritable star en Pologne, il vise désormais la montée dans la catégorie des 70 kg pour obtenir une seconde ceinture, avant peut-être un départ vers l’UFC, la plus grosse organisation de MMA au monde. “J’aimerais l’intégrer un jour, oui, mais je ne suis pas pressé. Peut-être vers 26 ans. Tout se négocie et aujourd’hui, je suis bien au KSW. Je veux assurer financièrement déjà mon avenir et celui de ma famille. La blessure peut si vite arriver. Ensuite, je me lancerai.”
Humble et gros travailleur, Salahdine vit toujours à Aubervilliers où il a ses “repères”, et veut “donner une bonne image d’un combattant”, sans en faire trop et en restant lui-même, malgré sa notoriété grandissante dans l’Hexagone. Soutenu par sa famille et notamment son frère, toujours présent à ses côtés, il va continuer de s’entraîner deux fois plus pour atteindre ses rêves et trôner très longtemps sur le toit du MMA mondial.