Saisie conservatoire sur les comptes bancaires de Tunisair

 Saisie conservatoire sur les comptes bancaires de Tunisair

Avant la nomination d’Olfa Hamdi à sa tête, Tunisair tablait sur le licenciement de 1200 de ses 8000 employés

L’opérateur turc TAV Tunisie qui gère les aéroports Enfidha-Hammamet et Monastir Habib Bourguiba, a procédé le 17 février à une saisie-arrêt sur les comptes de la compagnie Tunisair, auprès des banques, via un huissier notaire. Une épreuve de plus, aux ramifications politiques, pour la nouvelle PDG du transporteur aérien national, déjà aux prises avec de puissants syndicats.

Objectif de cette procédure plutôt brutale : le remboursement des arriérés impayés par la compagnie tunisienne, affirme aujourd’hui jeudi 18 février la directrice générale de TAV-Tunisie, Kehna Mamlouki, confirmant des informations relayées dès hier soir sur les réseaux sociaux.

Lors d’un entretien téléphonique avec la radio nationale, la responsable a indiqué que « Tunisair est tenue de rembourser ses dettes qui se sont accumulées pendant plus de six ans envers l’opérateur turc, et qui sont estimées à plus de 20 millions d’euros, soit environ 65 millions de dinars tunisiens ».

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La responsable a ajouté que TAV-Tunisie est « obligé de prendre de telles mesures de rétorsion étant données ses propres difficultés financières » découlant de la conjoncture économique difficile du secteur tout entier et qui a provoqué le licenciement de nombreux agents.

Les arriérés en question concernent le groupe Tunisair et ses diverses filiales. En cause, de nombreuses prestations rendues par l’opérateur turc, dont la location de locaux et les taxes d’atterrissage d’avions à l’aéroport d’Enfidha. Si la saisie concerne uniquement les comptes bancaires du groupe Tunisair, « le dossier est encore en cours de négociation » a-t-elle encore souligné.

Une déclaration qui semble agiter le spectre d’une possible escalade dans un futur proche. Selon certains experts évoquant des cas paroxystiques en la matière, la saisie d’appareils n’est en effet pas exclue dans le pire des scénarios.


Selon d’autres analystes financiers, cette saisie a pu être précipitée par une déclaration fin 2020 du nouveau ministre tunisien des Transports Moez Chakchouk lors d’une réunion avec l’Office de l’aviation civile et des aéroports, pour qui Tunisair « pourrait ne pas être en mesure de payer ses salaires et ses fournisseurs ».

 

Réaction immédiate des syndicats

Le secrétaire général du syndicat de base UGTT de Tunisair, Elyes Miled, a d’ores et déjà annoncé que « tous les corps de métier de la compagnie aérienne dans tous les aéroports tunisiens seront en grève ouverte à partir de midi, demain 19 février 2021 ».

Le 5 février dernier, « dans le cadre d’une visite de courtoisie » selon Tunisair, Refik Ali Onaner, l’ambassadeur de Turquie en Tunisie, avait été reçu par Olfa Hamdi, fraîchement investie de ses fonctions, au siège social de la compagnie. Une visite qui n’avait pas été du goût des détracteurs le la nouvelle PDG réputée proche des cercles d’Ennahdha et de Rached Ghannouchi. Mais avec cette saisie bancaire surprise par une compagnie turque, la visite apparaît rétrospectivement comme « un avertissement, voire une humiliante intimidation ».

C’est là du moins l’interprétation des centaines de syndicalistes rassemblés ce matin devant le siège de la compagnie aérienne et qui réclament le départ précoce de la jeune Olfa Hamdi. Personnalité inexpérimentée au CV controversé, sa nomination conjuguée à cette délicate épreuve pourrait également avoir des répercussions sur le gouvernement Mechichi déjà affaibli par une houleuse cohabitation avec Carthage.