Saint-Nazaire. Licenciée en 2021 pour avoir critiqué le maire et la police, Christel Husson obtient gain de cause en justice
Saint-Nazaire. Le tribunal administratif de Nantes a annulé le licenciement de Christel Husson, cheffe de service dans une association départementale de prévention spécialisée (ADPS).
Christel Husson, travailleuse sociale chevronnée, se dit « soulagée » et « réhabilitée » après le jugement favorable du tribunal administratif.
Sa joie est d’autant plus marquée qu’elle était confrontée à une situation professionnelle difficile : son employeur, l’ADPS, l’avait licenciée sans ménagement en 2021, en raison de son passé de militante, notamment de sa participation active aux manifestations des Gilets jaunes.
Un licenciement contesté
Lors de son embauche en février 2021, Christel Husson, cheffe de service pour une équipe d’éducateurs spécialisés à Saint-Nazaire, n’avait pas dissimulé son engagement politique et social.
Pourtant, peu avant la fin de sa période d’essai, l’ADPS a pris la décision de la licencier, quelques jours après une réunion avec des élus locaux de Saint-Nazaire.
Durant cette rencontre, certains élus, dont le directeur adjoint du cabinet du maire, ont exprimé leur mécontentement à l’idée de la nomination d’une militante aussi visible.
Un licenciement non justifié
Le tribunal administratif a jugé que ce licenciement était sans fondement. En effet, il a estimé que les propos tenus par Christel Husson sur les réseaux sociaux, bien que critiques envers les élus de Saint-Nazaire et parfois acerbes, n’étaient pas de nature à nuire à l’exercice de ses fonctions de cheffe de service.
Selon le tribunal, ces propos remontaient à plus d’un an avant la décision de licenciement, et depuis, la salariée n’avait pas repris la parole publiquement sur ces sujets. Par ailleurs, ses compétences professionnelles n’ont jamais été remises en cause.
Un parcours personnel et professionnel marqué par l’épreuve
Pour Christel Husson, ce licenciement a été une épreuve bouleversante qui a touché tous les aspects de sa vie. « Après le licenciement, j’ai attrapé un cancer. Après deux opérations et deux ans et demi de combat et d’errance médicale, j’ai été en rémission… », raconte-t-elle.
Ce parcours du combattant, marqué par des défis personnels et professionnels, l’a éprouvée mais aussi renforcée. Pendant cette période, elle a finalement retrouvé un emploi en tant que remplaçante professeure de français.
« Retrouver du travail dans mon champ professionnel du social local était bloqué… J’espère que maintenant, ça va être moins compliqué ! », ajoute-t-elle. Elle souligne combien cette expérience l’a changée :
« Un licenciement, ça bouleverse une vie… y compris sur le plan personnel. Venant d’une famille d’ouvriers pour qui la valeur travail est la base, c’était terrible… ça a même touché ma famille, et mon père s’est senti insulté. Aujourd’hui, j’en sors lavée et grandie. »
Christel Husson tient à exprimer sa gratitude envers les nombreuses personnes et structures qui l’ont soutenue : proches, ex-collègues, associations et syndicats. « Ils m’ont donné la force de continuer. Comme me l’a dit mon père : “C’est ta victoire, celle de ce qu’il appelle le ‘petit peuple’, et pour que ça n’arrive pas à d’autres !” »
Un nouveau projet professionnel
Après cette épreuve, Christel Husson se tourne désormais vers un nouveau projet professionnel, déterminée à poursuivre son travail d’accompagnement des jeunes. Elle espère que cette décision de justice facilitera son chemin dans le monde du travail.
La décision du tribunal, saluée par les syndicats, pourrait avoir un impact important pour d’autres travailleurs dans des situations similaires, rappelant les limites à l’interférence entre convictions personnelles et activité professionnelle.