Christel Husson, licenciée pour avoir critiqué le maire et la police

 Christel Husson, licenciée pour avoir critiqué le maire et la police

Rassemblement en soutien à Christel Husson à Nantes le 1er avril 2021. Photo : DR

Licenciée le 24 mars de l’ADPS (Agence Départementale de la Prévention Spécialisée) à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), pour avoir critiqué le maire et la police lors de rassemblements de Gilets jaunes, Christel Husson, se bat depuis pour être réintégrée.

 

Ce lundi 26 avril à 14h une audience en référé au tribunal administratif de Nantes jugera son affaire. Christel Husson demande la suspension de son licenciement et sa réintégration au poste de chef de service.

Christel Husson, jeune quarantenaire, n’en revient toujours pas. « Le maire et son équipe tentent de me faire passer pour une méchante. C’est facile de se débarrasser de moi, je n’ai pas de poids médiatique, je ne suis pas une influenceuse, je n’ai pas de compte sur les réseaux sociaux », dénonce-t-elle écœurée.

Sans poids médiatique, peut-être, mais depuis l’annonce de son licenciement, et grâce à l’abnégation de Christel Husson qui promet de ne rien lâcher, toute la ville de Saint-Nazaire est aujourd’hui au courant du fait.

Recrutée le 8 février 2021 comme chef de service, à Saint-Nazaire, à l’Agence départementale de la prévention spécialisée Christel Husson a été licenciée en pleine période d’essai. Son employeur lui reproche d’avoir tenu « des propos déplacés et irrespectueux à l’encontre des services de police et des élus de la ville, lors d’actions et de manifestations menées avec le collectif Maison du peuple de Saint-Nazaire et le mouvement des Gilets jaunes ».

Des accusations que Christel Husson trouve injuste. « En 2019 et 2020, j’ai effectivement participé à plusieurs rassemblements », explique-t-elle. « On me voit sur quatre vidéos prendre la parole publiquement en faveur des Gilets jaunes. Dans l’une d’entre elles, je chante une chanson faite par les Gilets jaunes qui critique l’ancien maire de Saint-Nazaire. Les faits sur lesquels mon licenciement s’appuie relèvent de ma vie privée, de ma liberté d’opinion et d’expression. Ils se sont déroulés plus de 8 mois avant mon embauche », souligne Christel Husson. « D’ailleurs, il n’y a jamais eu aucune plainte à ce sujet », précise-t-elle encore.

Originaire de Lorraine, Christel Husson a vécu quelques années à Toulouse puis en région parisienne où elle travaillait à SOS Femmes 93, une association basée en Seine-Saint-Denis et qui lutte contre les violences faites aux femmes.

Voulant s’établir dans un endroit plus calme, proche de la nature, elle décide de se poser à St-Nazaire en janvier 2019. Infatigable travailleuse sociale depuis toujours, ses positions politiques très à gauche ne sont un secret pour personne.

« Mon militantisme était connu par l’ADPS. Ça a même été perçu comme un atout », rappelle Christel Husson. « Lors des recrutements à l’ADPS, nous ne prenons pas de renseignements sur les candidats », se défend de son côté la direction.

Depuis l’annonce de son licenciement, les soutiens affluent. Les syndicats de la FSU Loire-Atlantique à l’Union départementale CGT ou Solidaires Loire-Atlantique, tous sont montés au créneau pour défendre Christel Husson.

Pour Catherine Tuchais, co-secrétaire départementale FSU Loire-Atlantique : « Cette histoire est ahurissante et témoigne de l’air du temps ».

Après les syndicats et les organisations politiques de gauche, des collectifs féministes ont également apporté leur soutien à Christel Husson. « Les motifs de ce renvoi sont tout simplement politiques et liés à son activité militante », se sont insurgés, dans un communiqué, plusieurs collectifs et associations féministes de Saint-Nazaire.

« Il serait désormais nécessaire, pour obtenir un emploi, de montrer patte blanche, de ne pas avoir fait de bruit, ne pas avoir exercé son droit à la liberté d’expression là ou des édiles politiques locales se seraient opposées à ces luttes. Ce licenciement augure un avenir sombre : celui de faire taire les militants s’ils souhaitent pouvoir travailler, exercer leurs droits sur un territoire », ont-elles encore dénoncé.

Un rassemblement est prévu ce lundi 26 avril à 11h devant la Mairie de St Nazaire, puis à 13h au siège de l’ADPS à Nantes. Le cortège a prévu de se rendre ensuite au tribunal administratif où l’audience en référé démarre à 14h.

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