Saint-Denis. Fermeture d’un centre de santé pendant toute la durée des JO
Fermeture annoncée d’un centre de santé de l’ONG Médecins de monde, pendant toute la durée des Jeux olympiques. Une décision entraînée par le renforcement du dispositif policier.
Le Centre d’accès aux soins et d’orientation, tenu par l’ONG Médecins du monde à Saint-Denis, fermera ses portes pendant toute la durée des Jeux olympiques, du 1er juillet au 15 septembre.
« Ça a été une décision extrêmement difficile, à la fois une certaine forme d’abandon, mais en même temps une certaine forme de responsabilité (…) rester ouvert dans les conditions qui nous sont présentées par les autorités et les pouvoirs publics est trop exposant par rapport aux populations qu’on accueille », confiait hier (16 juin), Matthieu Dréan, responsable du centre de santé, au micro de l’AFP.
Ce dernier s’inquiète de la recrudescence des contrôles policiers observée ces dernières semaines. Les populations fréquentant le centre étant, pour la plupart, des personnes en situation irrégulière.
Dispositif policier renforcé
A l’approche des JO, le dispositif policier se fait de plus en plus visible et pressant. Les bénévoles travaillant dans le centre affirment avoir remarqué « une présence policière accrue », ces dernières semaines.
Au début du mois, s’appuyant sur un rapport sur les expulsions des plus précaires de la région parisienne ces 18 derniers mois, le collectif Le Revers de la médaille estimait que la tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques contribuait clairement à l’intensification des « expulsions de campements de rue de personnes exilées ».
Selon les chiffres de l’Observatoire des expulsions des lieux de vie, entre le 1er mai 2023 et le 30 avril 2024, pas moins de 12 545 personnes en situation de précarité auraient été expulsées en Île-de-France. Soit une augmentation de 38,5% par rapport à 2021-2022.
Santé
Le centre soigne chaque année environ 4 000 personnes. Cette fermeture pose de réelles questions en termes de suivi médical de ces personnes, dont certaines ont des pathologies lourdes.
« Pour les personnes atteintes de maladies chroniques, il y a un réel enjeu de morbidité, et pour ceux qui ont besoin d’un accompagnement psychologique, c’est une forme d’abandon », déplore la médecin Isabelle Pipien (AFP).
Cette dernière rappelle également que les personnes migrantes, lors de leur parcours, font face aussi bien à des problèmes physiques que psychologiques.
Pendant la fermeture du centre de Saint-Denis, les patients seront accueillis dans d’autres villes du département (93).