Tunisie – Angleterre, un match asymétrique

 Tunisie – Angleterre, un match asymétrique

Ferjani Sassi


« Limiter les dégâts »… C’est l’expression qui revient le plus parmi les supporters des Aigles de Carthage à l’issue d’un match dominé de bout en bout par les Anglais. Au final, les Tunisiens s’en sortent avec une défaite sur un score honorable de 2 – 1, ayant pour maigre consolation d’avoir marqué le premier but d'une nation arabe et africaine de la compétition, sur pénalty.



Passionnés par le Mondial, les Tunisiens ont cru au match nul jusqu'au bout. Ambiance dans les cafés de Tunis


L’ombre d’eux-mêmes durant l’entame, les Tunisiens sont mal rentrés dans leur match, paraissant encore dans les vestiaires pendant les 10 premières minutes. Une phase logiquement sanctionnée par des anglais survoltés, via l’incontournable Harry Kane à la 11ème minute de jeu, esseulé à l’affut d’un ballon relâché suite à un corner par le gardien Moez Hassan, qui sera d’ailleurs rapidement remplacé dans les minutes qui suivent suite au réveil d’une ancienne blessure à l’épaule.


Dès lors la principale faiblesse des Tunisiens se fait flagrante : les balles arrêtées, tant sur coup franc que sur corner, où malgré la présence de grands gabarits tels que le talentueux Fakhreddine Ben Youssef, la défense tunisienne souffre systématiquement face aux jeunes anglais.


Aucun ballon cadré, une performance inquiétante


Seul aspect du jeu où les Aigles de Carthage furent supérieurs aux « three lions » Anglais : le réalisme. Hormis une unique frappe en première mi-temps, la seule action tunisienne dans la surface de réparation anglaise résultera en effet en un pénalty suite à une faute grossière de la défense anglaise. Derrière, Ferjani Sassi n’a pas tremblé, en offrant l’égalisation par  une réaction d’orgueil dès la 35ème minute à sa sélection, sur un ballon bien tiré, effleuré par le gardien anglais.


Ce 1 – 1 donnera de l’espoir aux Tunisiens jusqu’à la 91ème minute de jeu où le syndrome de la malédiction des nations nord-africaines dans le temps additionnel a encore frappé. Etrangement esseulé au second poteau, Kane ne rate pas l’occasion d’égaliser sur une tête qui crucifie le gardien remplaçant Farouk Ben Mustapha.


Malgré leur criante domination, les anglais n’ont pas eu profusion d’occasions face au but, et ont reconnu en fin de match les difficultés rencontrées lors de ce match cadenassé. Sur instruction pressante du sélectionneur Nabil Maâloul, les Tunisiens ont tenté de jouer court, « en posant le ballon », mais n’avaient pas toujours les moyens techniques et physiques de perpétuer un mode de jeu aussi exigeant, à l’image du rentrant Ben Amor qui offre leur second but aux anglais sur une bévue inutile, une perte de balle résultant en un énième corner.


C’est enfin tactiquement que les Aigles inquiètent le plus : en alignant trois attaquants contraints de défendre tout au long du match, les lignes sont si espacées face à un adversaire de ce calibre que Wahbi Ghazri était complètement esseulé en pointe tout au long du match, touchant extrêmement peu de ballons.


Face à des diables rouges belges que l’on sait virtuoses en attaque (victoire 3 – 0 sur le modeste Panama toujours hier lundi), les Tunisiens seraient bien inspirés samedi prochain à 13h00 d’aligner une formation peut-être moins ambitieuse offensivement, quitte à jouer clairement les contres.


Seif Soudani