Royaume-Uni/Rwanda : premier vol de demandeurs d’asile annulé, le projet pas abandonné
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) contraint le gouvernement britannique à annuler ses expulsions de demandeurs d’asile vers le Rwanda. Mais pour combien de temps ?
Mardi soir (14 juin), au terme d’une intense activité juridique, le vol prévu à 22h30 par les autorités britanniques, pour envoyer des personnes migrantes au Rwanda, a finalement été annulé en dernière minute.
Saisie le jour même par l’une des personnes visées par cette mesure d’éloignement, la CEDH a décidé d’accorder une mesure provisoire urgente. Un véritable désaveu pour le gouvernement britannique dont un récent accord de partenariat en matière d’asile avec la République du Rwanda, vise à y envoyer les demandeurs d’asile arrivés illégalement au Royaume-Uni.
Autres recours
« La Cour a indiqué au gouvernement britannique que le requérant ne devait pas être refoulé vers le Rwanda avant l’écoulement d’un délai de trois semaines à compter du prononcé de la décision interne définitive à intervenir dans la procédure de contrôle juridictionnel en cours », a précisé l’institution européenne dans un communiqué. Trois Iraniens, un Vietnamien, deux Irakiens et un Albanais devaient donc être envoyés au Rwanda par le vol de mardi dernier.
Suite, à la première requête, cinq autres de ces personnes migrantes ont introduit des requêtes devant la Cour. Deux d’entre elles ont bénéficié d’un délai « jusqu’au lundi 20 juin 2022 à 18 heures CET afin que leurs requêtes puissent être examinées de manière plus approfondie ».
Dissuasion
Malgré ce premier revers, le gouvernement britannique ne semble pas enclin à abandonner cette politique migratoire. Le gouvernement de Boris Johnson loue l’aspect dissuasif d’un tel dispositif et espère ainsi réduire significativement le flux de migrants illégaux traversant la Manche.
En 2021, ce sont au moins 28 395 personnes qui auraient tenté ou seraient parvenues à franchir ce bras de mer depuis la France. Un record. C’est pourquoi le Royaume-Uni réfléchirait même à se retirer de la Convention européenne des droits de l’homme pour continuer sa politique migratoire.
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