Roland-Garros: Eliminée en huitièmes, Ons Jabeur n’a pas démérité
Roland-Garros 2021. Pour la deuxième année consécutive, la tunisienne de 26 ans se hissait en huitièmes de finale des internationaux de France de tennis. Elle y affrontait aujourd’hui lundi 7 juin, comme en 2020, une américaine : Cori Gauff (17 ans), jeune prodige du tennis féminin, sur le prestigieux court central, le court Philippe Chartier (15 mille places en temps normal), pour une place historique en quarts.
L’an dernier, sur le court Suzanne Lenglen, Ons Jabeur (à l’époque 35e au classement WTA) était tombée face à Danielle Collins, alors 57e mondiale. Cette année, la tunisienne qui a depuis gagné 10 places, devenue 25e mondiale, affrontait une poursuivante directe, Cori Gauff, 24e mondiale. Autant dire qu’on ne pouvait rêver affiche plus sensationnelle et équilibrée. Du moins sur le papier ! Paradoxalement, Jabeur partait une fois de plus plutôt en position favorable, pour ceux qui connaissent les subtilités de son parcours.
Avant lundi, Ons Jabeur restait en effet sur une victoire lors de la dernière confrontation directe entre les deux joueuses, pas plus tard que le 9 avril dernier, au tournoi de Charleston, précisément sur terre battue (green clay), où l’américaine avait perdu en quarts à domicile en deux manches 6-3, 6-3.
Non seulement cela avait de quoi mettre en confiance la tunisienne, mais cette dernière a habitué son public à être autrement plus solide mentalement face à des joueuses du top 30 mondial, tandis qu’elle commet souvent des faux pas face à des outsiders comme dans le même tournoi de Charleston où elle avait chuté en finale face à une plus modeste Danka Kovinić, 62e mondiale.
La barrière psychologique des huitièmes
« C’est ton année ! », s’exclame en direction de Jabeur un fan tunisien lors du dernier succès de la tenniswoman au 3e tour, samedi, face à la polonaise Magda Linette. Après une entame de match irrégulière où Ons Jabeur a usé et abusé des amorties « drop shots », acharnement tactiquement d’autant plus inexplicable que les longs échanges lui étaient favorables, la tunisienne a pulvérisé son adversaire en survolant la partie 3-6, 6-0, 6-1.
A tout juste 17 ans d’âge, c’est seulement la deuxième participation à Roland-Garros de Cori Gauff, surnommée Coco Gauff, qui était néanmoins plus fraîche ayant gagné son troisième tour sur abandon de la numéro 1 mondiale Ashleigh Barty, après seulement 1 petit set, affaiblie par une blessure. D’un autre côté ne pas avoir à affronter la meilleure joueuse du circuit WTA restait un soulagement pour Jabeur qui pouvait faire parler son expérience face à Gauff.
Mais rien n’y fait : l’audacieuse teenager a livré une leçon en matière d’usage des amorties, en réussissant tous ses drop shots face à une Ons Jabeur qui semblait accuser le coup physiquement dès lors qu’il s’agissait de monter au filet. Face à une Gauff en état de grâce, la sanction est immédiate : 3-6, 1-6. Le mental devra être une des priorités des prochains rendez-vous importants de la tunisienne qui a montré une tendance à l’irritabilité à la moindre bévue.
Si aucun joueur américain ne figure aujourd’hui dans le top 30 ATP du tennis masculin en cette génération de transition pour le tennis US, il en va tout autrement pour le circuit féminin où pas moins de 7 américaines figurent dans le top 30 WTA, parmi lesquelles la précoce Coco Gauff, véritable incarnation de ce renouveau de l’école américaine.
En pleine morosité politico-économique, « Ons est notre seule lueur d’espoir » se consolent quant à eux plusieurs Tunisiens, malgré cette honorable défaite, rivés à leurs écrans et dans les terrasses de cafés qui, une fois n’est pas coutume, diffusent un autre sport que le football.
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