Le plus jeune prof noir de Harvard
Ses deux sujets de prédilection : l’éducation et les inégalités raciales. Roland Fryer est le plus jeune Afro-américain titulaire d’une chaire à l’université d’Harvard. Et il n’est pas exclu qu’il décroche un jour le Prix Nobel.
Roland Fryer est né en Floride, a grandi dans une famille pauvre qui a ensuite déménagé au Texas. C’est grâce à une bourse sportive qu’il va à l’université, d’abord celle du Texas, puis celle de l’Etat de Pennsylvanieoù il découvre l’économie. Il finira ses études à la fac de Chicago. A 38 ans, il remporte la médaille « John Bates Clark », récompense annuelle décernée à un économiste américain de moins de 40 ans. C’est le prix le plus prestigieux en économie, après le prix Nobel. Les deux tiers des « Bates Clark » ont d’ailleurs par la suite obtenu le prix Nobel.
Le rôle de la scolarité
Très vite, il acquiert la certitude que c’est par les données que l’on obtient des conclusions fermes. Et non seulement par son ressenti ou son expérience personnelle. En 2008, Roland Fryer fonde son laboratoire, le « Education Innovation Lab », un laboratoire éducatif pour réduire les inégalités raciales. Pour Roland Fryer, les racines de la pauvreté chez les noirs sont moins à chercher dans la discrimination à l’embauche que dans le déficit scolaire. Pour lui, la pauvreté n’explique pas tout. L’école joue un rôle primordial.
Dans son premier essai, publié en 2002, il se penche justement sur l’école. Il tente d’expliquer l’« écart blancs-noirs dans les résultats des tests scolaires », ou encore pourquoi les élèves noirs réussissent en moyenne moins bien à l’école que les blancs. Par ailleurs, Roland Fryer développe également l’idée selon laquelle si les collégiens noirs travaillent moins bien à l'école, c'est parce que ceux qui travaillent bien se voient implicitement reprocher par leurs camarades de même couleur « d'agir comme des blancs », expression d’ailleurs reprise par Barack Obama dans ses discours.
Une semaine de patrouilles, 6 millions de données
Après l’éducation, Roland Fryer s’est intéressé à l’influence des différences raciales dans l’usage de la force par la police. Récemment, il s’est installé à l’arrière des voitures de police de Camden (New Jersey) et d’Austin (Texas).Après une semaine de patrouilles, il collecte 6 millions de données. Résultat qui va à l’encontre de ce que l’on entend habituellement : les Noirs ne sont pas plus susceptibles d’être abattus par la police, ce qui n’enlève rien au sentiment de discrimination ressenti et à la légitimité des émeutes déclenchées à Fergusson. Et la politique dans tout ça ? Roland Fryer y a goûté. Très peu pour lui. En 2007, il occupe le poste de conseiller du maire de New York, Michael Bloomberg. Il n’aura tenu que 7 mois …
Chloé Juhel