« Reviens, Lila », le combat d’une mère pour retrouver sa fille, enlevée par son père

 « Reviens, Lila », le combat d’une mère pour retrouver sa fille, enlevée par son père

Sortie ce mercredi 3 février 2021 du livre « Reviens, Lila », de Magali Laurent, écrit avec la journaliste Françoise-Marie Santucci et publié aux éditions Grasset.

« Reviens, Lila » est le récit glaçant de Magali Laurent qui depuis 2015 recherche sa fille Lila, trois ans et demi à l’époque, enlevée par son père, parti rejoindre les rangs de Daech en Syrie.

 

La dernière fois que Magali Laurent a vu sa fille, c’était pendant l’été 2016, par Skype. Dix mois plus tôt, prétextant des vacances en Tunisie avec sa fille, son mari Anis, part en Syrie. Magali Laurent avait préparé la valise de Lila : des vêtements et des jouets pour une semaine. Lila et son père ne sont jamais revenus.

Un matin, Magali reçoit un appel de son ex-belle-sœur : la petite ne rentrera pas, elle est avec son père à la frontière turque.

« Le cerveau disjoncte. J’étais émotionnellement coupée de tout. Je me voyais flotter au-dessus de moi. Je me suis plongée dans l’action parce que je ne pouvais pas penser », écrit Magali Laurent dans « Reviens, Lila » alors qu’elle vient d’apprendre que son mari a enlevé sa fille.

Après trois mois de silence, Magali obtient enfin de voir sa fille par Skype. Elle aura ainsi quelques conversations avec Lila, toujours en présence de son ex-mari, qui lui ordonne de ne pas pleurer : « Je voyais ma fille de trois ans et demi voilée. Elle qui parlait bien pour son âge, mais commençait à chercher ses mots en français. Et elle ne m’appelait plus maman mais Magali ».

Si Magali Laurent se reproche quelque chose, c’est de ne pas avoir perçu la radicalisation de son ex-mari. Anis, Franco-Tunisien de 36 ans, n’était pourtant plus depuis quelques temps le jeune homme que Magali avait connu. Licencié pour faute grave en 2014, alors chef de réception d’un hôtel parisien, il commence à se radicaliser.

Mais quelques semaines avant son départ, il donnait l’impression de s’être ressaisi. : « Il s’était rasé la barbe, allait chercher Lila à l’école vêtu d’un costume, m’avait demandé de lui imprimer des CV pour chercher un emploi et s’était remis à faire du sport. Je ne me suis rendue compte qu’après, que tout ça, c’était pour dissimuler son projet de départ en Syrie.»

Lors des rares conversations qu’elles peuvent avoir, Lila demande à sa mère pourquoi elle ne vient pas. Magali Laurent y a pensé bien entendu. Les enquêteurs le lui ont fortement déconseillé : « Je me poserai toujours la question de ce qui se serait passé si j’y étais allée. Pour moi, ce n’était même pas la peur de la guerre. C’était la peur de leur idéologie. Pour moi, ils incarnent les ténèbres. Je n’ai pas eu le courage. Je l’interprète comme une forme de lâcheté. »

Depuis cinq ans, Magali Laurent remue ciel et terre pour retrouver sa fille. Avec les enquêteurs, bien sûr, avec la Croix-Rouge, et même les reporters qui vont sur place et demandent si quelqu’un a entendu parler d’une fillette française avec un grain de beauté sur la paupière droite.

Depuis mars 2017, l’ex-mari de Magali Laurent n’a plus donné signe de vie. A-t-il été tué ? Si oui, qu’est-il advenu de Lila ? Est-elle vivante ? Se trouve-t-elle dans un des camps où sont regroupés les femmes et les enfants de djihadistes ? Impossible de le savoir.

« Je ne sais plus ce que c’est que d’avoir des moments de joie intense, d’insouciance, des moments où tout est serein, confie la jeune femme. Tout ça, c’est parti. C’est parti quand il l’a enlevée. »

Il y a deux ans, Magali Laurent a eu un autre enfant, mais le souvenir de Lila, lui, reste gravé à tout jamais.

« Reviens, Lila », de Magali Laurent, écrit avec la journaliste Françoise-Marie Santucci, est publié aux éditions Grasset. Il sort ce mercredi 3 février.

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