Rencontre avec Nedjma Kacimi, lauréate du Prix littéraire 2022, au Musée national de l’histoire de l’immigration
Le Prix littéraire de la Porte Dorée 2022 a été attribué le 21 mai à Nedjma Kacimi pour son premier roman Sensible, paru aux éditions Cambourakis. Samedi 18 juin, une rencontre sera organisée à 16h30 au Musée national. Une occasion pour échanger avec la lauréate.
Depuis plus de dix ans, le Prix littéraire de la Porte Dorée, premier prix littéraire décerné par un Musée en France, distingue une œuvre écrite en français, ayant pour thème l’exil, l’immigration, les identités plurielles et autres questions liées aux réalités migratoires.
L’édition 2021 avait récompensé le primo-romancier Hadrien Bels pour Cinq dans tes yeux, paru chez l’Iconoclaste. Le Prix 2022 est décerné le 21 mai à Nedjma Kacimi pour son premier roman Sensible. « Sensible est une consolation écrite pour la jeunesse. Qu’elle y puise la patience et le courage d’endurer les difficultés« , avait alors déclaré la lauréate.
Née en Algérie en 1969, Nedjma Kacimi passe son enfance dans l’Ain, en France. Elle fera ensuite ses études à Paris. Titulaire d’un double master en Littérature française et philosophie, elle a travaillé en Inde, au Mozambique et au Mali, avant de s’installer à Zurich, où elle vit encore aujourd’hui.
Pour commémorer les soixante ans de l’indépendance de l’Algérie, en mars 2022, l’écrivaine publie son roman dans lequel elle évoque les discriminations dont elle a été victime. Elle s’en sert comme support pour dresser le portrait d’une société française qui se remet difficilement de ses blessures postcoloniales.
Laisser la place à une jeunesse diverse et créative
Comment se sentir intégré dans un pays où l’on est sans cesse renvoyé à une origine autre parce que plus visible ? S’interroge-t-elle. Près de soixante ans après l’indépendance de l’Algérie, la jeune femme revient sur sa prise de conscience tardive des discriminations dont elle a fait l’objet. Dans son texte, elle donne voix à plusieurs récits parallèles. Par la force des mots, Nedjma Kacimi met à mal une version officielle qu’elle trouve oppressante. Elle explore « les contradictions d’une France encore attachée à certains stéréotypes qu’il est urgent de faire voler en éclats, pour laisser la place à une jeunesse diverse et créative, en mal d’épanouissement, parce que trop souvent opprimée. Son premier roman fait écho à ces tourments ».
Marie Ndiaye, Présidente du jury avait déclaré à propos de l’œuvre récompensée et de son autrice ; « Les jurés et moi-même avons tous été impressionnés autant que troublés et séduits par la langue à la fois rageuse, furibonde et poétique de Nedjma Kacimi. Ce qu’elle nous dit, ce que, même, elle nous lance à la figure, avec la jouissance fulminante de celle qui sait, qui pense, tant elle a réfléchi à son sujet, ne pas se tromper, se trouve non pas contrebalancé mais éclairé, sublimé, par un style magnifique. Il y a quelque chose d’implacable dans l’argumentation de Nedjma Kacimi, dans sa volonté de « mettre tout à plat » et d’en finir avec les bonnes manières, la politesse blessée de celle qu’on renvoie toujours aux lieux communs de ses prétendues origines. Elle en a assez de répondre gentiment à des questions sottes et humiliantes, assez de se justifier, assez d’essayer de correspondre aux images attendues d’elle en tant que « femme issue de l’immigration ».
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A l’occasion de la 13e édition du Prix littéraire de la Porte Dorée 2022, une rencontre est donc organisée avec la lauréate. Un moment littéraire privilégié et une occasion propice aux échanges.