En Belgique, la télé publique n’invite pas les partis d’extrême-droite…
Sans surprise, le Front national a cartonné aux élections régionales, ce dimanche 6 décembre, et devrait selon toute vraisemblance remporter au moins deux régions dimanche prochain, le PACA et le Nord-Pas-de-Calais où les filles Le Pen sont arrivées largement en tête avec plus de 40% des suffrages exprimés. Il est également bien placé pour décrocher la présidence de la région Grand Est, avec la première place de Florian Philippot (37%)…
Bien entendu, il y a les promesses non tenues des partis dits traditionnels qui ont fini par écœurer nombre d’électeurs qui se sont réfugiés dans les bras du parti frontiste. Mais pas seulement… Pour beaucoup d’analystes, les raisons du succès du FN s’expliquent en partie par la passivité des journalistes.
Dans les années 80, Jean-Marie Le Pen était boycotté dans les médias, ses idées avaient donc du mal à être entendues par la masse. Vingt ans plus tard, la donne a changé et les responsables du FN sont devenus des stars. Les relations entre les journalistes et le parti frontiste semblent en partie s’être normalisées, surtout depuis l’avènement de Marine Le Pen.
En Belgique, non seulement, on ne déroule pas le tapis rouge à l’extrême droite, on a décidé de ne pas l’inviter du tout. Dominique d'Olne, chef des rédactions radio et directeur de l'information de la RTBF, la première chaine belge francophone explique les raisons :
« Les notions de racisme et de xénophobie sont poursuivies par des lois spécifiques en Belgique. Par exemple, des partis qui prônent la discrimination à l'égard de personnes d'origine étrangère sont sous le coup de cette législation, donc sont considérées comme prônant des valeurs non démocratiques. […] Nous n'invitons pas [ces partis] dans nos débats, nous ne les interviewons pas en direct, nous ne leur donnons pas non plus de tribunes pré-électorales. Par contre, nous sommes journalistes, donc nous ne nous interdisons pas de faire des reportages sur eux ou de faire des interviews en différé ».
Cette règle appelée « cordon sanitaire médiatique » est née d'un constat au sein de la RTBF: « Nous nous sommes rendu compte qu'à force de donner de la visibilité à ces partis, on arrivait à leur renforcement sur la scène politique. […] La loi « pacte culturel » de 1973 nous dit que le service public ne peut pas servir de tribune d'expression pour les partis porteurs de [ces] valeurs non démocratiques.», continue Dominique d’Olne.
Une méthode à l'opposé de ce qu'on peut voir en France et qui a l’air de bien fonctionner puisque l’extrême-droite a quasiment disparu de l’échiquier politique belge …
Nadir Dendoune