Refoulement des migrants : Tensions croissantes entre l’Algérie et le Niger

 Refoulement des migrants : Tensions croissantes entre l’Algérie et le Niger

Des migrants illégaux arrivent le 4 novembre 2013 à Arlit, au nord du Niger, après que les autorités nigériennes ont secouru 72 d’entre eux bloqués dans le désert brûlant du Sahara suite à la panne du camion qui les transportait. Le groupe, composé principalement de femmes et d’enfants de moins de 10 ans, était expulsé d’Algérie. AFP PHOTO / STR

Les relations entre l’Algérie et le Niger se tendent alors que les autorités nigériennes de transition ont convoqué l’ambassadeur d’Algérie au Niger. Niamey entend ainsi protester contre les opérations de refoulement des migrants en situation irrégulière vers le territoire nigérien.

Après le coup d’État au Niger en 2023, l’Algérie a proposé sa médiation pour permettre un retour à l’ordre constitutionnel. Mais, Alger a finalement décidé de suspendre les discussions préparatoires en octobre de la même année. Le Palais d’El Mouradia avait alors invoqué le besoin de clarifications sur la mise en œuvre de sa médiation. Signe d’une dégradation significative des relations entre les deux pays.

Ce nouvel épisode diplomatique survient alors que les autorités nigériennes protestent contre les opérations de refoulement des migrants subsahariens en situation irrégulière en Algérie. Niamey condamne a violence des opérations et les juge contraires aux règles. Selon les données de l’Association Alarm-Phone Sahara, plus de 17 000 migrants ont été refoulés d’Algérie vers le désert à la frontière avec le Niger au cours du premier trimestre 2024. Un nombre en forte augmentation par rapport à l’année précédente.

 

Atteinte aux droits et à la dignité des personnes migrantes

Les autorités nigériennes exigent que l’Algérie respecte la dignité et l’intégrité des migrants dans ces opérations de refoulement. Mais, elles ne remettent pas en cause leur principe. Des sources confirment en effet l’existence d’un accord de réadmission entre les deux pays datant de 2014, bien que cet accord n’ait jamais été rendu public.

Les violations des droits des migrants en situation irrégulière en Algérie, telles que les vastes opérations de rafles et les saisies de biens font régulièrement l’objet de dénonciations de la part d’organisations de défense des droits de l’homme.

 

Des expulsions problématiques de longue date

Dès 2018, le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme des migrants appelait Alger « à cesser immédiatement les expulsions collectives de migrants ». Plus récemment, en 2022, c’est MSF qui dénonçait les exactions algériennes à la frontière avec le Niger.

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La situation est d’autant plus préoccupante que les migrants nigériens refoulés sont acheminés vers des zones frontalières inhospitalières. Des méthodes qui suscite des préoccupations quant à leur sécurité comme cela a été le cas à la frontière entre la Tunisie et la Libye en 2023.