Réforme des retraites : fichage des manifestants et (trop) nombreuses gardes à vue

 Réforme des retraites : fichage des manifestants et (trop) nombreuses gardes à vue

Francois LO PRESTI / AFP

Le fichage et gardes à vue des manifestants contre la réforme des retraites. Une réalité en partie exposée et reconnue hier (15 mai) par la procureure de Lille et le ministère de la Justice.

Un fichier Excel, tenu par le parquet de Lille, répertoriant notamment les noms, prénoms ou encore dates de naissances des personnes placées en garde à vue, en marge des manifestations contre la réforme des retraites.

Suite aux révélations de Mediapart, la Ligue des droits de l’homme (LDH), l’Association de défense des libertés constitutionnelles (Adelico) et le Syndicat des avocats de France, déposaient chacun un référé-liberté à l’encontre de la procureure de Lille et du ministère de la Justice.

Hier, devant le tribunal administratif de Lille, le ministère a bien reconnu l’existence d’un tel fichier et a expliqué qu’il était parfaitement autorisé par le décret encadrant la base Cassiopée qui collecte les données des prévenus, victimes ou témoins des procédures judiciaires. Jeudi, il rendra sa décision concernant la légalité du fichier.

Instrumentalisation ?

Outre le fichage, les trop nombreuses gardes à vue en marge des manifestations contre la réforme des retraites étaient déjà dans le viseur de la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Dominique Simonnot.

Dans un courrier au ministre de l’Intérieur, datant du 17 avril dernier, cette dernière pointait le fait que, lors de l’enquête menée par son équipe, 80% des procédures avaient été classées sans suite. « Cette approche du maintien de l’ordre révèle ainsi non seulement une instrumentalisation des mesures de garde à vue à des fins répressives, mais également un dévoiement du rôle de l’autorité judiciaire », regrettait la CGLPL dans son courrier.

Plaintes

« 425 placements en garde à vue aboutissant à seulement 52 poursuites judiciaires », selon les chiffres de la préfecture de police fin mars. La plupart étaient « infondées » estimait alors un collectif de 22 avocats. Le 31 mars, celui-ci a déposé un peu plus de 100 plaintes auprès du tribunal de justice de Paris. Parmi les motifs évoqués figurent « l’atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique », ou encore « l’entrave à la liberté de manifester ».

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