Rapatriement des défunts algériens : le long combat d’Othman Douidi
Il aura fallu 13 ans ! 13 ans de luttes, de courriers et d’espoirs pour enfin aboutir à la promulgation de la loi portant sur le financement du rapatriement des corps des ressortissants algériens dans leur pays d’origine. En effet, le gouvernement algérien a décidé de prendre à ses frais le rapatriement des dépouilles des Algériens décédés à l’étranger et créé un fonds de solidarité en conséquence. Othman Douidi qui a initié le projet, nous en rappelle les grandes lignes.
La vie de l’ancien assistant parlementaire d’Alima Boumediene-Thiery au Sénat a été bouleversé le 29 janvier 2007. Un manager de raï lui parle du cas d’Ahmed Arbi, un sans-papier algérien, décédé en France mais qui n’a pas les moyens d’être rapatrié en Algérie. Emu par la situation, il cherche à entrer en contact avec la famille en Algérie. « J’ai pu les retrouver mais la famille n’avait pas d’argent. Une collecte permet alors d’envoyer le corps d’Ahmed à Oran. L’Algérie est un pays riche en pétrole et gaz et on ne peut pas se permettre de faire la mendicité pour le rapatriement de l’un de nos concitoyens. »
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Othman prend alors conscience du problème sur les citoyens algériens en France, qui ne sont pas binationaux et qui se retrouvent ainsi priver de la possibilité de vivre un rapatriement. « Je ne connais pas Ahmed Arbi, indique Othman Douidi. C’est la débrouille à ce moment-là. Il faut savoir que beaucoup de gens n’ont pas les moyens pour le rapatriement des corps. »
Une loi votée en 2014 mais pas mise en application
Il pense alors que la solution réside dans une loi votée au parlement Algérien pour aider au rapatriement. Le contact s’établit avec Abdelkébir Matalli, député FLN pour faire avancer ce dossier du projet « Loi sur le retour« . Le député tente de mener la bataille mais se retrouve confronté à la lenteur législative. « On est en retard par rapport à nos pays voisins comme la Tunisie ou l’Egypte, relate l’ex-chargé de mission au cabinet du maire d’Aubervilliers. Je mène un combat et des personnes m’ont rejoint. Des vieux chibanis mourraient et étaient enterrés dans les fosses communes. On devait faire quelque chose. »
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Le combat s’organise à Aubervilliers avec des associations et des collectifs. Lettre, articles et mobilisations continuent. En 2013, la députée Elisabeth Guigou, membre du groupe d’amitiés France-Algérie, se mobilise aussi auprès des autorités Françaises et Algériennes. En 2014, l’ancien secrétaire général du FLN, Amar Saâdani s’empare alors du dossier et annonce que la revendication sera inscrit dans le programme électoral du candidat Bouteflika. Le programme est alors voté mais n’est pas mis en application. « La loi était aux oubliettes depuis 6 ans alors que cela concerne entre 700 et un millier de personnes par an, indique le militant associatif. Les chiffres vont augmenter avec le coronavirus. »
L’annonce de la promulgation a de quoi ravir Othman Douidi. « Cela passera par les consulats. Le citoyen de nationalité algérienne ou d’origine algérienne (binational, ndlr) pourra avoir un rapatriement vers l’Algérie si cela est son souhait. Le fonds de solidarité prendra les frais en charge et reversera l’argent aux consulats. »
Un fonds de solidarité ouvert par la loi de Finances
En effet, l’article 92 de la LFC 2020 indique qu’« il est ouvert, dans les écritures du Trésor, un compte d’affectation spéciale n° 302-144 intitulé Fonds de solidarité pour les ressortissants algériens décédés à l’étranger”. Cette bonne nouvelle pour les Algériens de France est dorénavant « officielle ». Malgré le coronavirus, rappelons que l’Algérie a maintenu le rapatriement des dépouilles, même si certains cas ont pu être bloqués par des raisons administratives.
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Pour Othman Douidi, il faut agir vite. « On remercie les députés, le président Tebboune et son gouvernement mais il faut appliquer la loi tout de suite. Il n’y a plus une minute à attendre.Pour l’instant, les consulats n’ont toujours pas reçu les fonds. Il faut le débloquer dés demain. Les citoyens algériens en France n’ont jamais demandé grand chose à leur pays d’origine. Faire l’objet du rapatriement de leurs dépouilles est l’une de leurs plus grandes volontés. »
La loi concerne tous les Algériens, quelque soient leurs finances ou moyens, sans aucun autre critère que celui de la nationalité. « C’est un soulagement pour les citoyens Algériens en France. Des fois, les consulats reçoivent mal. J’espère que cela se fera sans discrimination. Certains consulats ont fait le job même sans la loi mais c’était au bon vouloir. J’ai voulu que ce ne soit plus l’exception mais la généralité. »