« Randonnée PJJ » – Episode 1
Des jeunes suivis par la PJJ, en randonnée dans les Alpes, le mercredi 13-07-2022. Crédit photo : Nadir Dendoune
Notre journaliste Nadir Dendoune accompagne du 11 au 17 juillet des jeunes hommes, suivis par la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) en Haute-Savoie. Pour ces gamins qui ont tous fait l’objet de décisions judiciaires, il s’agissait de leur première expérience en montagne.
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Comme l’année dernière et comme il y a trois ans, un groupe de jeunes hommes « en conflit avec la loi », suivis par la PJJ, (Protection judiciaire de la jeunesse), part marcher dans les Alpes pendant cinq jours. En 2021, l’un d’eux avait fait faux bond à la dernière minute. Cette fois-ci, Zouaoui et Khadija, les deux encadrants ont pris les devants en allant chercher à leur domicile un par un les futurs randonneurs. L’équipe est donc au complet ce midi en quittant la structure de la PJJ, l’Unité Éducative de jour de Courdimanche (95).
Il y a Fofana*, 16 ans, grand gaillard d’un mètre 90 aussi fin qu’une allumette ; Abdel, un roux, cheveux très courts, en France depuis 2020 direct from Annaba en Algérie et toujours souriant à l’image du Joker dans Batman ; Moussa, lunettes carrées d’intello posées délicatement sur son nez, d’un calme olympien ; son opposé Riyad, surnommé « le chinois », beau brun aux longs cheveux fins noirs, impossible de tenir en place (les longs efforts en montagne devraient le calmer !) ; et enfin Adama, le plus âgé, qui a traversé une partie de la terre pour se réfugier ici en France, qui ne parle pas trop pour le moment.
Pour ces gamins qui ont tous fait l’objet de décisions judiciaires, il s’agit de leur première expérience en montagne. Parmi les adultes, il y a moi : le magnifique. Zouaoui, ami d’enfance de la cité Maurice Thorez à l’Ile-Saint-Denis, éducateur à la PJJ depuis 20 ans, celui qui gueule plus vite que son ombre. Il en rajoute souvent. Un jour, c’est inévitable : il fera du théâtre.
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Les jeunes hommes le redoutent un peu, pour pas dire beaucoup. C’est lui le mauvais flic. La tendresse, faut aller la chercher chez son Altesse ego. Khadija, la « Daronne », la quarantaine bien épanouie, sait se faire respecter sans trop élever la voix. Khadija n’est pas éducatrice mais « professeur technique éducation à la santé ». Je traduis : toute l’année, elle monte des projets de prévention autour de la santé. Le but : que les gamins apprennent à prendre soin d’eux. C’est grâce à elle par exemple que Moussa a pu obtenir une nouvelle paire de lunettes.
Il est 18h44 ce lundi 11 juillet quand les premières montagnes des Alpes apparaissent. Des cris de joie fusent. « C’est grave propre », balance Fofana. « Je respire le beau temps », s’exclame Riyad alors que les fenêtres du mini bus sont pourtant fermées. « Pourquoi on ne va pas à Milan ? », tente Abdel tandis qu’un panneau d’autoroute indique que la ville italienne est à 400 kilomètres.
Il est désormais 19h30 quand le groupe arrive à Annemasse tout sourire. Zouaoui propose un « briefing » avant d’entrer à l’hôtel. « C’est pas l’heure du breakfast, wesh », répond Moussa. Fofana à son arrivée au Campanile demande poliment à l’hôtesse d’accueil. « C’est laquelle la chambre avec vue montagne ? »
Demain matin, les choses sérieuses commencent mais ils sont loin d’imaginer ce qui les attend. Ni Khadija, ni Zouaoui ont pris le soin de leur détailler le programme …
*Les prénoms ont été modifiés.
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