« Randonnée PJJ » autour du Mont Blanc- Jour 6

« Randonnée PJJ » – Notre journaliste Nadir Dendoune a accompagné du 12 au 19 juin dernier des jeunes hommes, suivis par la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) en Haute-Savoie. Pour ces gamins qui ont tous fait l’objet de décisions judiciaires, il s’agissait de leur première expérience en montagne.

Nadir Dendoune était déjà parti avec un groupe de la PJJ en juin 2019. De cette première expérience, est né un documentaire Petits Pas. Sur ces 5 jeunes partis randonner en juin 2019, quatre ont été réinsérés, seul l’un d’entre eux est en prison actuellement. Pour ce deuxième périple, notre journaliste a tenu un carnet de voyage sur les réseaux sociaux.

Le prénom des jeunes hommes a été modifié pour préserver leur anonymat.

Pour Sébastien, notre guide, Dame nature a donné du talent et du courage à tout le monde. Pour lui, Kilian, Nelson, Belkacem et Kareem sont des « clients » comme les autres. Et comme ce sont des clients comme les autres, il a préparé pour eux le meme trek que pour les autres. Une randonnée de haut niveau, exigeante. Et nos 4 énergumènes allaient encore s’en rendre compte lors de cette 5é étape, « disputée » sous une chaleur suffocante.

Ce jeudi 17 juin, déjà au petit-déjeuner, l’inquiétude était palpable sur les visages, annonçant les prémices d’une journée difficile.

Juste avant de quitter le refuge de Fioux, l’infirmerie aurait pu se remplir d’un coup : Belkacem se plaignant de courbatures, Nelson de crampes, Kareem d’un mal de dos, Kilian affirmant qu’il ne peut plus bouger son cou.

Passée la pleurniche et après avoir joué de psychologie, Zouaoui excitant leur virilité, le groupe pu enfin se mettre en route.

Le début de cette étape fut plutôt tranquille. Mais le pire était à venir. Après la paisible longue descente d’une heure et demie, le groupe arriva vers la première difficulté de la journée, la montée vers le lac de Pormenaz. Une grimpette de folie, vide de monde, 1200m de dénivelé, avec les moustiques et l’humidité en prime. 4 heures de souffrance pour arriver au sommet.

Jamais le groupe n’avait autant souffert. Jamais il n’avait été autant soudé, chacun encourageant celui qui se trouvait en difficulté. Un pas, un souffle et une détermination sans faille. Mais ce fut également une montée remplie de doutes.

« Wesh, le guide c’est un forceur, il veut à chaque fois aller plus haut », protesta Belkacem. A bout de forces, à bout de souffle, Nelson voulut redescendre. Kareem se demanda ce qu’il « foutait dans cette galère ». « Je suis un trou du cul d’être venu là », grommela de son côté Kilian.

A la pause déjeuner, on chercha désespérément de l’ombre. On trouva à la place un ruisseau avec une « gouille » (petite vasque) et certains, les plus téméraires (Belkacem et Kareem) purent se baigner dans une eau à 7 degrés. Il fallait au moins ça pour rafraîchir les corps chauffés à bloc.

La suite de la journée allait être moins physique, la pente étant moins ardue, mais les nombreux passages recouverts de neige allaient compliquer la donne. Une après-midi de fournaise.

Heureusement pour le mental du groupe, le refuge de Moede Anterne pointait déjà son nez à l’horizon. Une proximité apparente puisque la destination finale demandait encore deux heures de marche.

18h, il ne reste alors plus que quelques hectomètres. Le temps pour les adolescents de la PJJ de se challenger comme à chaque fin d’étape. Savoir qui arrivera le premier.

Ce jeudi 17 juin, point de challenge. Soulagés d’en avoir fini, le groupe accepta comme d’un seul homme de laisser Kilian franchir la ligne d’arrivée en premier…

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