« Randonnée PJJ » autour du Mont Blanc – Jour 5
« Randonnée PJJ » – Notre journaliste Nadir Dendoune a accompagné du 12 au 19 juin dernier des jeunes hommes, suivis par la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) en Haute-Savoie. Pour ces gamins qui ont tous fait l’objet de décisions judiciaires, il s’agissait de leur première expérience en montagne.
Nadir Dendoune était déjà parti avec un groupe de la PJJ en juin 2019. De cette première expérience, est né un documentaire Petits Pas. Sur ces 5 jeunes partis randonner en juin 2019, quatre ont été réinsérés, seul l’un d’entre eux est en prison actuellement. Pour ce deuxième périple, notre journaliste a tenu un carnet de voyage sur les réseaux sociaux.
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Le prénom des jeunes hommes a été modifié pour préserver leur anonymat.
A chaque fois que Belkacem croise d’autres trekkeurs, il ne peut pas s’empêcher de dire que j’ai gravi l’Everest. Il le dit parce qu’il m’aime bien et qu’il est fier de moi, soit !, mais pas seulement. Il le dit aussi pour leur en mettre plein la vue. Du haut de ses 16 ans, il leur envoie un message : « nous aussi, on est capable ».
Nelson est arrivé en France en 2018, après un long périple à pied de deux ans, du Cameroun jusqu’à chez nous. Il a vaincu plusieurs déserts, vécu le long de ce voyage dangereux la violence des autres, des adultes, alors qu’il quittait son pays à l’âge de 14 ans.
Arrivé en France après ses 16 ans, il n’a toujours pas obtenu ses papiers. Son éducateur de référence trouve la situation ubuesque : il est pris en charge par le ministère de la Justice mais il ne peut pas travailler, donc se réinsérer.
Kareem, lui, eut « plus de chance » que Nelson. Il est parti du Pakistan à 13 ans avec son frère, traversé 13 pays, avant d’atterrir à Paris en 2016. A 19 ans, Kareem vit seul en région parisienne. Son frère est parti vivre en Italie. Il a une carte de résidence mais aucun patron ne veut l’engager alors qu’il est titulaire d’un CAP maçonnerie.
Les deux autres gamins sont français. Ils sont comme Nelson et Kareem en manque de repères.
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Après quatre jours de marche, Belkacem se confie davantage. Aujourd’hui, après avoir gravi un col, il nous a dit : « Si mon papa s’était occupé de moi comme vous vous occupez de moi, j’aurais pas fini au CER (NDLR : Centre éducatif fermé) ».
La maman de Kilian, elle, est en contact régulièrement via les réseaux sociaux avec le groupe. Elle s’inquiète beaucoup pour son fils. Éduquer un enfant dans un quartier populaire n’est parfois pas chose facile pour elle.
Les trois pauvres gars d’hier qui s’étaient moqués gratuitement de Nelson et de Kilian connaissaient-ils le parcours de tous ces gamins ? Savaient-ils par quoi ils sont passés ?
A chaque fois qu’un de ces jeunes adolescents subit le mépris, il engrange encore un peu plus de haine.
Les pauvres gars d’hier ont-ils eu conscience qu’en agissant de la sorte ils abiment le merveilleux travail entrepris avec eux par les éducateurs de la PJJ ?
Ce mercredi 16 juin, après une longue et interminable journée de marche, et notamment la montée du col de Tricot (1200 m de dénivelé), le groupe a dîné dans un décor paradisiaque, presque irréel, une vue directe sur le massif du Mont Blanc. L’espace d’un moment, Kilian, Belkacem, Nelson et Kareem ont oublié leur réalité …
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