« Randonnée PJJ » autour du Mont Blanc – Jour 3
« Randonnée PJJ » – Notre journaliste Nadir Dendoune a accompagné du 12 au 19 juin dernier des jeunes hommes, suivis par la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) en Haute-Savoie. Pour ces gamins qui ont tous fait l’objet de décisions judiciaires, il s’agissait de leur première expérience en montagne.
Nadir Dendoune était déjà parti avec un groupe de la PJJ en juin 2019. De cette première expérience, est né un documentaire Petits Pas. Sur ces 5 jeunes partis randonner en juin 2019, quatre ont été réinsérés, seul l’un d’entre eux est en prison actuellement. Pour ce deuxième périple, notre journaliste a tenu un carnet de voyage sur les réseaux sociaux.
Le prénom des jeunes hommes a été modifié pour préserver leur anonymat.
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Les jours se suivent et ne se ressemblent pas pour Kilian, revigoré après son exploit de la veille où il a fait preuve d’un courage exemplaire pour venir à bout de l’interminable journée de marche, longue de huit heures.
La confiance au rendez-vous, l’adolescent de 16 ans est désormais aux avant-postes, pas à pas avec le guide. Dès le début de cette nouvelle journée de marche, les « PJJiens » avancent désormais groupés.
Ce lundi matin (14 juin), la brise a déserté la montagne. La chaleur, étouffante, prend des airs de folie quand le groupe traverse les nombreux passages recouverts de neige.
Sur la neige, le soleil est le patron, il se réverbère en emmerdant tout le monde. En altitude, les rayons ultraviolets sont beaucoup moins filtrés par l’atmosphère, leur agressivité est donc décuplée.
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L’heure de la pause. Difficile de trouver un endroit à l’ombre. Belkacem, chevelure abondante, offre sa casquette à son éducateur, le crâne martyrisé par les rayons du soleil.
« Ces jeunes sont surprenants. Ils sont capables de faire preuve de tellement d’humanité. Et le lendemain, ils peuvent savater un mec à plusieurs en le laissant pour mort », confie désarçonné Zouaoui.
Le groupe repart lentement mais sûrement. Cette fois-ci en ordre dispersé. « Ces montagnes sont plus grandes que la tour Eiffel. Pff, la tour Eiffel c’est une escroc », dit sérieusement Kareem à Nelson. Le Mont Blanc est partout, peu importe où l’on marche, imposant, il se dresse devant nous.
Kilian, bombant le torse et se tenant face au toit de l’Europe, lâche un brin décomplexé en tchipant : « Je le monte normal, lui ».
Après le déjeuner copieux, des pâtes au thon, un jus d’orange, une pomme verte et une madeleine, les marcheurs en herbe, le bide bien rempli, repartent laborieusement.
Les montées succèdent alors aux descentes. Il fait de plus en plus chaud. Heureusement que le groupe tombe de temps en temps nez à nez avec des « Nants » (mini-torrents), où les jeunes peuvent alors se rafraîchir grâce à l’eau glacée qui y ruisselle.
Après quelques heures d’effort, le refuge de la Balme est désormais à portée de vue.
« J’en ai marre du sac à dos », balance un des jeunes à bout de forces. Il faut dire que les adolescents de la PJJ portent depuis le début du Trek toutes leurs affaires. « La prochaine fois, viens avec une valise à roulette », raille Mehdi.
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