Raja Yamani, en fauteuil roulant, bloquée chez elle à cause des pannes répétées de son ascenseur
Raja Yamani n’est pas du genre à se plaindre. Mais aujourd’hui, la coupe est pleine. Depuis maintenant deux ans, cette étudiante en relations humaines de 32 ans, et qui vit en fauteuil roulant, a des problèmes avec l’ascenseur de son immeuble. « En fait, depuis mon arrivée ici », lâche-t-elle désabusée. Et depuis samedi dernier (21 mai), il est de nouveau en panne.
Pourtant, en mars 2020, elle emménage tout sourire dans son nouvel appartement boulevard de Pesaro à Nanterre (92), un T2, adapté PMR, comprenez un logement pour personne à mobilité réduite.
Ici, les pièces sont plus grandes, les interrupteurs plus accessibles. Un appartement indispensable pour Raja Yamani qui souffre de myopathie, une dystrophie musculaire qui a causé chez elle la perte de la marche, dès l’enfance.
L’appartement est quasiment neuf puisqu’il date de 2019. Seul ombre au tableau : il est situé au premier étage. « Initialement, je devais emménager en janvier 2020 mais comme l’ascenseur était en panne, ils ont décalé la date au mois de mars. Ce n’était pas bon signe », se remémore-t-elle.
A peine installée, l’ascenseur tombe de nouveau en panne. « A chaque fois que ça arrive, je ne peux pas sortir de chez moi », peste Raja. La trentenaire a bien deux auxiliaires de vie, une le matin, une le soir, qui viennent l’épauler mais les aidants ne peuvent pas transporter son fauteuil roulant, « qui pèse 200 kilos », rappelle Raja.
Excédée par les arrêts à répétition, Raja dépose alors une demande de relogement auprès d’ICF Habitat, son bailleur actuel. C’était il y a un an et demi. « J’ai demandé un appartement au rez-de-chaussée et à proximité, comme ma vie s’est organisée autour de ce quartier de Nanterre », précise encore Raja.
Du côté d’ICF Habitat, on assure être « pleinement mobilisé pour trouver une solution ». « Mais ce n’est pas évident. Il n’y a pas énormément de logement libre de ce type, surtout dans un périmètre aussi réduit », regrette Martine Gillot, la directrice de la communication régionale du bailleur francilien.
Il y a quelques mois, il y a bien eu cette proposition dans le quartier, un appartement au rez-de-chaussée, mais « ce n’était qu’une pièce », déplore Raja qui vit avec sa sœur de 16 ans.
En attendant de pouvoir satisfaire pleinement la trentenaire, ICF Habitat a prévu de changer l’ascenseur. « C’est extrêmement rare qu’un ascenseur aussi neuf tombe autant en panne, avoue gênée Martine Gillot. Les travaux vont commencer cet été. Ils dureront deux mois mais au final, c’est un ascenseur tout neuf que les locataires auront à la rentrée », se félicite la directrice de la communication.
« L’ascenseur qu’ils vont changer était lui aussi neuf, raille de son côté Raja Yamani. Et puis, ça ne règle pas mon problème de fond. Que se passera-t-il quand l’appareil tombera de nouveau en panne ? », interroge la trentenaire.
Pendant les travaux, ICF habitat mettra à disposition de Raja une chambre d’hôtel. « En octobre dernier, j’ai déjà vécu trois mois dans un hôtel parce que l’ascenseur était en panne. C’était l’horreur », se souvient-t-elle. « La pièce n’était pas adaptée à mon handicap : avec mon lit médicalisé, ma chaise pour la douche et mes tas d’appareils médicaux, ce n’est pas possible. En plus, je ne peux pas me faire à manger, et tous les repas étaient à ma charge », dénonce Raja.
« Malgré mon handicap, j’essaie coûte que coûte de vivre comme tout le monde. Je me suis battue pour être embauchée dans une entreprise, pour suivre mes études en alternance. Et ces derniers temps, toutes les fois où j’ai été absente, ce n’était pas parce que j’étais malade mais parce que mon ascenseur était en panne ! », conclut dépitée la jeune femme.