Quel bilan pour la visite en France du président Kaïs Saïed ?

 Quel bilan pour la visite en France du président Kaïs Saïed ?

Rencontre avec les représentants de la communauté tunisienne en France

La visite d’amitié et de travail effectuée les 22 et 23 juin par le président de la République Kaïs Saïed en France, à l’invitation du président français Emmanuel Macron, a pris fin hier soir mardi. L’occasion d’un bilan critique d’un baptême du feu diplomatique complexe et difficile.   

 

Rencontre avec les Tunisiens résidents à l’étranger

En guise d’activité finale au lendemain du dîner à l’Elysée et après un passage remarqué par l’Institut du monde arabe, le chef de l’Etat a rencontré mardi après-midi quelques dizaines de représentants de la communauté tunisienne et de la société civile en France.

Selon Carthage, le président de la République a écouté à cette occasion les préoccupations des participants à la réunion, dont en particulier l’augmentation ostensible des frais des prestations consulaires et des billets d’avion comme conséquence de la pandémie de Covid-19. L’accent a été mis en outre sur le rôle des « TRE » dans le renforcement de l’investissement et le soutien des efforts de l’Etat dans la relance de l’économie nationale.

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Conformément à sa doctrine en matière de démocratie participative, Kaïs Saïed a souligné à cette occasion la nécessité de « revoir les relations avec les TRE à l’aune de la décentralisation » et de « faire en sorte que les projets émanent des citoyens eux-mêmes, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur de la Tunisie ». Le rôle du pouvoir central étant de consacrer dans la pratique ces projets et ces propositions, selon le credo de Saïed.

En marge de la visite d’amitié, l’entretien accordé par le président tunisien à France 24 n’a pas manqué de défrayer la chronique. Au-delà du fait que certains y découvraient l’excellent français parlé de Kaïs Saïed, lorsque ce dernier fut poussé dans ses retranchements par le journaliste à propos de l’ingérence du chef d’Ennahdha dans la diplomatie tunisienne, il répondit sèchement : « Je n’aime pas que l’on me marche sur les pieds ! ». Voilà qui est donc on ne peut plus clair.

 

Quelques polémiques

L’exercice d’un premier voyage européen d’un président encore fraîchement élu était ardu. A cet égard, rentrer avec une cagnotte de 350 millions d’euros pour booster l’économie, non sans avoir au passage contourné avec succès la question des excuses de la France pour la colonisation, était une gageure. Depuis Paris, Kaïs Saïed s’est même payé le luxe d’avoir marqué quelques points politiques contre les partis avec lesquels il cohabite, en réaffirmant sa différence : celle d’un souverainisme mesuré.

Pour autant, la visite n’était pas exempte de polémiques et d’incidents. L’absence remarquée de la Première dame suscite ainsi toutes sortes d’interrogations, comme le fait remarquer notamment Adnène Belhajamor, à juste titre.

D’aucuns spéculent qu’il s’agit là d’un choix délibéré et conservateur d’écarter la Première dame de la vie publique. Une explication qui ne convainc pas d’autres observateurs, pour qui il est difficile de croire que la charismatique magistrate se plie à une exigence de ce type. Le mystère reste aussi entier que protocolairement problématique. D’autant que le président tunisien d’affiche systématiquement avec l’omniprésente chef de cabinet Nadia Akacha, ce qui forme de facto un inhabituel « couple présidentiel ».

D’autres encore s’inquiètent des sautes d’humeur périodiques du président tunisien qui a perdu son calme face à des Tunisiens venus manifester leur mécontentement face à la situation sociale à Tataouine aux abords de l’ambassade de Tunisie à Paris. Irrité par le ton de l’un des manifestants, le président a pointé un doigt menaçant en sa direction, lui ordonnant, en élevant la voix, de le laisser parler.

« Des erreurs de jeunesse », peut-on lire chez les partisans les plus magnanimes d’un président qui, à bien des égards, sort des sentiers battus du diplomatiquement correct.