Qatar : les Occidentaux devraient investir dans le GNL
Le docteur en sciences politiques et chercheur sur le monde arabe et en géopolitique, Sébastien Boussois revient sur l’intérêt fondamental des Occidentaux à investir avec le Qatar dans le GNL, face à l’avenir.
Une tribune de Sébastien Boussois
Depuis la mise en place des sanctions contre la Russie et le début de la guerre en Ukraine en février 2022, les pays producteurs alternatifs de gaz se font la part belle en fournissant de plus en plus les Occidentaux, dont les Européens. Algérie, Azerbaïdjan, Norvège et notamment Qatar, tirent allègrement leur épingle du jeu pendant que la Russie vend sa ressource aux puissances du Sud global comme jamais.
Aujourd’hui, le Qatar est le quatrième producteur de gaz au monde. Quelques mois avant le début de la guerre, il avait annoncé dès 2021 la construction de la plus grande usine de production sur la planète.
Par ailleurs, le Qatar n’a pas investi uniquement que dans la production : Doha dispose déjà des Qatarmax, les plus grands méthaniers de la planète, fabriqués en Asie pour le compte de la compagnie Qatargas, afin d’acheminer le précieux hydrocarbure par voie maritime. Ils permettent une exportation et un rendement maximaux et donc rapides. Finie la dépendance aux gazoducs et aux pays qu’ils traversent.
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Nouveaux contrats de GNL
Dès cette année, le Qatar prévoit de conclure de nouveaux contrats de fourniture de gaz naturel liquéfié (GNL) à long terme afin de répondre à la forte demande mondiale, vient d’annoncer le ministre de l’Energie qatari.
En 2023, QatarEnergy avait signé des contrats portant déjà sur 25 millions de tonnes de GNL, et d’autres seront prochainement signés, a déclaré cette semaine Saad al-Kaabi, son patron. Les principaux bénéficiaires de l’augmentation constante des capacités de production qataries resteront l’Asie et l’Europe.
Aujourd’hui, sur le continent asiatique, ce sont la Chine, le Japon et la Corée du Sud qui figurent en tête de ses principaux clients. L’Emirat, qui n’impose pas de barrières géopolitiques ne veut se fâcher avec personne.
En février dernier, Doha a annoncé à nouveau vouloir investir dans de nouveaux projets visant à augmenter la production du plus grand gisement de gaz naturel au monde. L’objectif à terme est de porter sa capacité à 142 millions de tonnes par an d’ici 2030.
Petit cocorico : la France y voit ses intérêts prospérer et fait partie de l’aventure avec TotalEnergies. D’autant qu’à l’heure de la guerre en Ukraine, TotalEnergies a fourni la possibilité au Qatar d’augmenter substantiellement sa production et de devenir un partenaire énergétique et sécuritaire encore plus déterminant de l’Europe. Car le riche émirat gazier joue depuis des années un rôle clé dans la production de gaz dans le monde et notamment dans l’acheminement rapide de celui-ci grâce au GNL. Et Total y contribue largement.
Mais c’est aussi le cas du Britannique Shell, de l’Indien Petronet, du Chinois Sinopec et de l’italien Eni.