Projet de la Cité médicale aghlabide : Carthage plaide le complot
Le président de la République, Kais Saïed, a présidé mercredi soir au Palais de Carthage une réunion consacrée à l’examen du projet de la Cité médicale aghlabide dans le gouvernorat de Kairouan. Une arlésienne dont les reports à répétition provoquent les railleries des internautes.
Lors de la réunion, le chef de l’Etat a évoqué les difficultés et les blocages ayant freiné le lancement de ce mégaprojet, et ce depuis l’année 2020, peut-on lire dans le communiqué de la Présidence de la République. « Quelques sphères continuent de manœuvrer avec des parties intérieures et étrangères, pour que les travaux de réalisation de ce projet ne soient pas amorcés », dénonce le communiqué, sans toutefois évoquer explicitement les fonds saoudiens qui avaient été promis et partiellement alloués à ce projet, ni démontrer un quelconque détournement présumé de ces fonds.
Le complot perpétuel en guise d’alibi
Le président Saïed n’en démord pas : la même rengaine complotiste semble constituer l’essentiel de son logiciel pour expliquer le retard pris dans toutes sortes de chantiers, ce qui exclut et dédouane de toute éventualité d’incompétence, une rhétorique somme toute fort commode. Car à lire ce récurrent raisonnement présidentiel, il y a lieu de se demander si le Palais détient ou non tous les pouvoirs depuis 2021, ou si l’on est face à un exécutif d’un genre nouveau, sorte de président éternel opposant, qui constate et se lamente au lieu de solutionner, qui fustige en permanence les conspirations étrangères au lieu d’agir et de gouverner.
« Le doute du complotiste est obstiné et sourd » affirme l’un des spécialistes du conspirationnisme, Rudy Reichstadt, pour qui ce mode de pensée usurpe les allures d’une pensée critique lorsqu’il n’est en réalité qu’affaire de croyance et de manipulation.
Pour le reste, la réunion a porté également sur le futur statut juridique de la Cité médicale aghlabide et sur le choix du cadre légal le plus flexible à adopter en vue de rattraper le retard accusé. Ont également été abordés, les moyens de mobiliser les financements internes et externes d’un projet qui « revêt une importance nationale de premier ordre » dans cette région du centre du pays privée de croissance.
Au pouvoir depuis bientôt cinq années, le chef de l’Etat a par ailleurs évoqué sur le même ton du constat « la déliquescence progressive du service public de santé depuis l’adoption de ce qui est communément désigné comme étant, le programme d’ajustement structurel, amorcé à la fin des années 1980, faisant observer que de nombreux hôpitaux sont en proie à une pénurie des fournitures les plus élémentaires, quand bien même le personnel médical et paramédical y exerçant est parmi le mieux qualifié au niveau international ». Une situation qui explique selon lui la fuite de cerveaux tunisiens en grand nombre vers l’étranger.