Programmes de diversité en entreprise : Apple tient bon
Le conseil d’administration d’Apple a voté contre une proposition des actionnaires qui supprimait ses programmes de « diversité, équité et inclusion ».
Le National Center for Public Policy Research, un groupe de réflexion conservateur, a soumis au vote des actionnaires une proposition « d’abandonner les efforts en matière de « diversité, équité et inclusion ». C’est ce qui a été révélé par la presse après la diffusion d’un document officiel d’Apple remis au gendarme américain des marchés.
L’argument des conservateurs
Selon le lobby conservateur, les programmes en faveur de la diversité dans le recrutement exposent les entreprises à de potentielles poursuites judiciaires, après une décision de la Cour suprême contre la discrimination positive dans les universités.
La réponse d’Apple
Le conseil d’administration, où siège Tim Cook, le patron de la société californienne, a rejeté cet argument, soulignant qu’Apple dispose d’un programme « bien établi » pour être en conformité avec la loi.
Les membres du conseil d’administration ont accusé le think tank conservateur d’essayer de « micro-manager » l’entreprise. Sa proposition cherche « de manière inappropriée de restreindre la capacité d’Apple à gérer ses propres opérations commerciales ordinaires, son personnel et ses équipes, ainsi que ses stratégies commerciales », ont-ils réagi.
Le fabricant de l’iPhone « ne pratique aucune discrimination en matière de recrutement, d’embauche, de formation ou de promotion », a encore fait valoir le conseil d’administration. La proposition sera soumise au vote des actionnaires lors de l’assemblée générale d’Apple le 25 février.
Offensive « anti-woke »
Un tournant dans les grandes entreprises
À l’approche de l’arrivée de Donald Trump à la présidence, de nombreux géants américains comme McDonald’s, Ford, ou les supermarchés Walmart ont annoncé mettre fin à leurs programmes de DEI.
La décision de la Cour suprême en 2023
Une offensive « anti-woke » des conservateurs américains, renforcée par la décision de la Cour suprême en 2023 d’abolir les programmes de discrimination positive à l’université, un des acquis de la lutte pour les droits civiques des années 1960.
Des groupes conservateurs ont utilisé cette décision pour lancer de nombreuses procédures judiciaires contre des entreprises ou des institutions publiques pour qu’elles arrêtent leurs programmes visant à mettre fin aux discriminations historiques des minorités.
Un effet domino
Ils accusent ces programmes de consister en un « étalage de la vertu » et affirment qu’ils désavantagent particulièrement les hommes blancs.
L’adoption de ces programmes avait progressé après l’immense vague de protestation antiraciste qui a suivi la mort en 2020 de George Floyd, un Afro-américain tué par un policier blanc à Minneapolis.
Ainsi, les entreprises Ford, Jack Daniel’s, Harley-Davidson et les supermarchés Walmart ont annoncé réduire drastiquement leurs programmes pour la diversité face au lobbying « anti-woke ». Walmart a par exemple renoncé dans sa communication à l’acronyme DEI (diversité, égalité et inclusion).
Récemment, le groupe Meta a annoncé franchir le pas à son tour.