Yémen : L’équivalent de la population belge risque d’être en état de famine
La situation humanitaire dans "l'Arabie Heureuse" est catastrophique. 50% des centres de santé sont détruits, l'Etat ne paie plus ses fonctionnaires, la moitié de la population est en état de guerre et risque la famine. Il existe des risques d'épidémies de choléra et de rougeole. L'aéroport de Sanaa est fermé tout comme les ports pour ravitailler la population. Le responsable des missions d'urgence de Médecins du Monde, David Annequin, nous alerte sur la situation et sur nos moyens d'actions.
"C'est la moitié de la population qui est en état de guerre. Il existe un risque de famine pour 12 millions de personnes, l'équivalent de la population de la Belgique". C'est le constat alarmant que nous dresse David Annequin, responsable des missions d'urgence de Médecins du Monde (MDM). Et la situation n'est pas en voie d'amélioration, devant une situation qualifiée par les Nations Unies, de "pire crise humanitaire de la planète".
50% des centres de santé sont détruits par les bombardements ou abandonnés par le personnel. L'Etat ne versant plus les salaires et la monnaie s'étant fortement dépréciée, les médecins et soignants ne répondent plus présents. Les risques hydriques (liées à l'eau) sont telles que l'on parle du retour de maladies anciennes, comme le choléra ou la rougeole. Les insuffisances alimentaires et la malnutrition ont des incidences directes sur les mères et leurs enfants.
Si la situation "n'est pas à la somalienne", David Annequin pointe du doigt les difficultés d'acheminement des denrées à leurs destinataires. "L'aéroport de Sanaa est fermé par décision e la coalition. Les ports et voies maritimes sont entravés par le blocus et le port d'Odeida qui était encore l'un des rares points d'entrée est la proie de violents combats". Pour le responsable de Médecins du Monde, qui gère sur place 12 centres de soins dans le Nord et le Sud du Yémen, "cette guerre n'a aucun sens et le conflit est enlisé".
Pour aider le Yémen, le responsable des missions d'urgence de Médecins du Monde voit plusieurs solutions. "La première urgence et ce que nous demandons à Médecins du Monde mais aussi avec l'ensemble des ONG est le cessez-le-feu immédiat. Il est important aussi qu'il y ait une levée de l'embargo afin que l'on puisse acheminer l'aide humanitaire".
S'il est important d'aider les ONG qui travaillent sur place, il soutient qu'il faut la mise en place de moyens de pressions sur le gouvernement français qui aide la coalition. "La France est une complice "passive" du conflit. N'oublions pas que la France exporte des armes à l'Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis qui font partie de la coalition. Il nous faut mettre la pression sur le gouvernement pour que la France cesse ses exportations qui ont des conséquences dramatiques sur les populations".