Pascal Boniface s’explique en détail sur son agression à Tel Aviv

 Pascal Boniface s’explique en détail sur son agression à Tel Aviv

Le géopolitologue Pascal Boniface a été violemment pris à partie par plusieurs individus à son arrivée à l’aéroport de Tel Aviv


L’arrivée du géopolitologue Pascal Boniface à l’aéroport de Tel Aviv le 16 avril a été violente. Le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) se rendait en Israël, sur invitation du Consulat de France de Jérusalem, pour donner "trois conférences dans le cycle de débats d’idées". Alors qu’il entrait dans le hall de l’aéroport Ben Gourion, Pascal Boniface a été reconnu et pris à partie par plusieurs individus, tous des Franco-Israéliens. 


LCDL : Vous revenez de Jérusalem où vous vous êtes fait agressé par des Français de confession juive à votre arrivée à Ben Gourion. Vous attendiez-vous à un tel accueil  ?



Pascal Boniface : De nombreuses mises en garde m'avaient été faites, avant ma venue. Celle-ci générait de nombreuses protestations, ce qui prouve les limites de la conception qu’ont certains de la liberté d’expression. C’est une chose d’être en désaccord et de l’exprimer en ne se rendant pas à une conférence. C’en est une autre que de vouloir l’interdire.


On m’avait expliqué que les autorités pourraient choisir de ne pas me laisser entrer en Israël ou qu’un comité d’accueil musclé m’attendrait. J’ai décidé de ne pas céder au chantage ou au terrorisme intellectuel et de m’y rendre. J’ai tranquillement traversé la frontière, et c’est après que quelques individus surexcités m’attendaient pour m'insulter, me cracher dessus et tenter de m'entrainer dehors afin de « me crever les yeux ».  Je pense que seule la présence de caméras les a empêchés de me frapper.


Quelle a été la réaction de la police sur place ? Quid des autorités françaises locales ?


Au bout de six à huit minutes, les forces de police sont intervenues et ont éloigné mes agresseurs. Elles m’ont exfiltré de l’aéroport. Mais elles n’ont pas interpellé ceux qui s’étaient attaqués à moi. J’imagine que si un Israélien était agressé de cette manière à Roissy, les fautifs ne s’en sortiraient pas aussi bien. Ensuite, le Consulat m’a pris en charge et j’ai bénéficié d’une protection rapprochée pour le reste de mon séjour. L’ambassade de France en Israël n’a pas réagi.


Vous semblez déçu du peu de réactions de la classe médiatique et politique suite à votre agression…


Imaginons qu’un intellectuel se rende dans un pays du Maghreb et qu’il soit agressé de la même façon par des « compatriotes » lui reprochant ses positions sur le Proche-Orient. C’était en réalité un peu plus violent que ce qui était montré sur la vidéo. On peut imaginer que la réaction des médias et des pouvoirs publics français aurait été autrement importante.


Tout ceci montre une fois de plus ce que je décris dans mon livre Antisémite (NDLR paru en janvier 2018 aux éditions Max Milo), à savoir les accusations d’antisémitisme que je subis depuis 17 ans sans aucun fondement, parce que j’ose critiquer le gouvernement israélien. Sur les réseaux sociaux extrémistes, certains se sont réjouis de mon agression en la légitimant par les campagnes de dénigrement que je subis et raconte dans le livre.


Voilà où on en arrive. Et comme la situation risque de se dégrader encore sur place, on peut craindre un alourdissement du climat encore plus profond. 


Propos recueillis par Nadir Dendoune