Jérusalem : des Palestiniens expulsés de chez eux au profit de colons israéliens
Les Abou Assab vivaient à Sheikh Jarrah, dans la partie arabe de Jérusalem depuis les années 1960. La famille a été expulsée alors qu’une dizaine de colons israéliens ont investi leur bâtisse, protégés par les forces de l'ordre.
"On habite là. C'est ma maison, c'est toute ma vie", s'est écriée devant les journalistes Rania Abou Assab, tandis que les colons, surplombant la foule, hissaient déjà des drapeaux israéliens tout autour de la terrasse.
"Ils ont tout pris", a-t-elle ajouté avant de s'effondrer en pleurs, ses effets personnels se trouvant toujours dans le domicile auquel elle ne peut plus accéder.
La maison était habitée par sept membres de la famille Abou Assab qui avait reçu un ordre d'éviction lui laissant jusqu'au 12 février pour quitter les lieux, selon l'ONG israélienne Ir Amim.
Le bâtiment appartenait à une famille juive avant la guerre de 1948, date de la création d'Israël, selon l'ONG israélienne La Paix Maintenant, qui lutte contre la colonisation par Israël des Territoires palestiniens.
Expulsée de leur maison dans un autre quartier de Jérusalem en 1948, la famille Abou Assab s'était alors installée dans cette maison dont les habitants juifs avaient fui, a indiqué l'ONG dans un communiqué.
Grâce à une loi israélienne permettant le retour des Juifs dans leurs propriétés à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël, des colons israéliens ont pu s'installer après un recours en justice au nom de la famille juive propriétaire avant 1948, selon l'ONG.
L'annexion de Jérusalem-Est n'a jamais été reconnue par la communauté internationale. D'après la loi israélienne, les Palestiniens ne peuvent pas réclamer les propriétés qu'ils ont abandonnées ou dont ils ont été chassés en 1948.
Mme Abou Assab a indiqué que son fils de 15 ans et son mari avaient été arrêtés après leur éviction. La police israélienne a confirmé l'arrestation de deux personnes pour "avoir perturbé les activités de la police", ne précisant pas si elles avaient été libérées depuis.
A Jérusalem-Est, "presque toutes les propriétés qui appartenaient à des Juifs avant 1948 sont menacées" de voir leurs occupants palestiniens expulsés, a indiqué Hagit Ofran de La Paix Maintenant, assurant que des dizaines de maisons dans la Vieille ville avaient fini par aboutir depuis les années 1980 aux mains de colons israéliens.
A Jérusalem-Est, environ 70 familles palestiniennes dans le quartier de Sheikh Jarrah et quelque 700 personnes dans le quartier de Silwan sont menacées d'expulsion car leurs propriétés appartenaient à des Juifs avant 1948, selon Mme Ofran.