Procès. Qui veut la peau de Sarkozy ?
On ne va pas le cacher, le verdict confirmé en appel et qui a frappé Nicolas Sarkozy est inédit puisqu’il s’agit du premier ex-président de la République condamné à la prison ferme : trois ans d’emprisonnement, dont un ferme, dans l’affaire dite “des écoutes”.
Dans ce dossier lié au financement de sa campagne pour l’élection présidentielle de 2007, la cour d’appel de Paris a déclaré l’ancien chef de l’État coupable de corruption et de trafic d’influence. Si la peine s’est vue immédiatement suspendue, les avocats de l’ancien chef de l’État ayant annoncé un pourvoi en cassation, il n’en reste pas moins que l’épée de Damoclès qui pend sur la tête de l’homme de 68 ans n’est que partie remise puisque Nicolas Sarkozy sera rejugé en appel à l’automne dans une autre affaire : le financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, sans oublier le troisième procès intenté par le parquet national financier qui a requis son renvoi en correctionnelle dans l’affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
Le Parquet national financier (PNF) qui a consigné dans un réquisitoire de 425 pages les résultats de l’enquête judiciaire menée pour dénouer les fils d’une affaire d’État particulièrement complexe résume l’affaire en quelques mots : « l’avantage espéré consistait, pour Nicolas Sarkozy, à obtenir un soutien financier occulte à la campagne électorale de 2007 pour la présidence de la République. » Selon Mediapart, « le Parquet national financier a demandé, dans un réquisitoire définitif signé le 10 mai, le renvoi devant le tribunal correctionnel de treize personnes, dont l’ancien président de la République et ses ex-ministres Claude Guéant, Brice Hortefeux et Éric Woerth, dans l’affaire des financements libyens ».
Basculant entre la victimisation et les menaces de trainer en justice ceux qui le montrent du doigt, Sarkozy s’est exprimé dans les colonnes du Figaro constatant, au passage, « qu’après sept ans d’instructions et des commissions rogatoires lancées partout dans le monde pour retrouver un supposé « argent libyen » – je vous rappelle qu’on parlait de dizaines, voire de centaines de millions -, la motivation de mon renvoi repose sur seulement cinq pages sur les 450 du réquisitoire ».
Avec grandiloquence, l’ex-chef d’Etat a promis de rendre coup sur coup dans un procès qu’il juge politique :« Je suis un combattant. La vérité finira par triompher. Et tous ceux qui se sont prêtés à ces manigances en rendront compte devant les Français comme devant les juridictions européennes » !
Pourtant, la décision du Tribunal pénal fédéral de Genève qui vient de répondre par l’affirmative aux requêtes des autorités judiciaires françaises dans le cadre de l’enquête menée sur des soupçons de financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 par le régime libyen de Mouammar Kadhafi. Ainsi les pièces saisies au domicile genevois de l’homme d’affaires franco-algérien Alexandre Djouhri, un intermédiaire clé dans le financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 devraient inquiéter Sarkozy.
Sarkozy a beau crier au complot, la disparition, voire le meurtre dans des conditions étranges de la plupart des protagonistes dans une affaire où les magistrats considèrent que plusieurs proches de Nicolas Sarkozy qui ont agi avec constance pour obtenir des soutiens financiers des autorités libyennes de Mouammar Kadhafi ne pouvaient pas le faire sans l’aval de Nicolas Sarkozy. Pour l’instant les deux principaux intermédiaires : Alexandre Djouhri et Ziad Takieddine sont toujours en vie mais les autres témoins libyens n’ont pas eu cette chance. Le premier de la liste n’est autre que Mouammar Kadhafi lui-même qui a , à plusieurs reprises affirmé avoir fourni les fonds qui ont permis à Nicolas Sarkozy de gagner. La suite, on la connaît : Kadhafi y a perdu la vie.
Le même triste sort a été réservé à son ministre du pétrole qui a été retrouvé noyé dans le Danube. L’homme tenait scrupuleusement des carnets dans lesquels il notait les sommes, les dates et les versements aux personnalités françaises, dont le candidat Sarkozy. Quant à l’ex-directeur de cabinet de Kadhafi, Bachir Saleh, qui a aussi émis les mêmes accusations, il a aujourd’hui disparu des radars sans qu’on sache s’il est en fuite ou si, il a été « exécuté ».