Présidentielle française : les enseignements du premier tour, vu de Tunisie
Environ 17 mille électeurs français sont inscrits sur les listes électorales en Tunisie. Ils étaient appelés à voter dans 13 bureaux de vote répartis dans 8 agglomérations tunisiennes. 7 mille d’entre eux seulement ont participé au vote hier dimanche 10 avril pour le premier tour de l’élection présidentielle française, soit un taux de participation autour des 40%, plus faible qu’en 2017. Décryptage.
Premier enseignement des résultats de ce premier tour vu de Tunisie : deux candidats se détachent nettement du reste du peloton, cependant il s’agit d’un tandem qui n’est pas le même qu’en France métropolitaine, puisque c’est Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon qui totalisent ici près de 80% des votes à ce stade du décompte, selon l’ambassadeur français André Parant, en poste à Tunis depuis septembre 2021.
Malgré une participation globalement en léger recul par rapport au premier tour de l’élection de 2017, une grande affluence a été enregistrée dans certaines villes côtières à l’image de Nabeul et surtout de Sousse où l’ambassade française fut contrainte de demander aux électeurs de remettre à plus tard leur vote, étant donné le temps nécessaire estimé à une heure de file d’attente à la mi-journée.
Percée de l’extrême droite
Mais les chiffres globaux, qui montrent de grandes tendances plus à gauche qu’en métropole, cachent en réalité une poussée de l’extrême droite dont le score combiné a pratiquement doublé chez les ressortissants français résidents en Tunisie. Un glissement auquel n’échappent donc pas certains français de Tunisie, ce qui peut surprendre de prime abord.
Pour Martine Vautrin Jedidi, conseillère élue des Français de l’étranger Tunisie et de Libye, cela ne devrait pas pousser néanmoins à tirer des conclusions trop hâtives : « Le chiffre que je retiens ce soir : en Tunisie, environ 8% de votes à l’élection présidentielle française pour l’extrême droite. C’est plus qu’en 2017, (4.5 %)… ».
« Ces électeurs ne sont probablement pas, ou pas tous, d’affreux racistes ou des néo colonialistes. Évitons les clichés, c’est sans doute plus complexe qu’il n’y paraît. Et il y a plus de 70 % de double nationaux parmi les électeurs. Il faut se demander si certains qui sont des exilés sociaux ne protestent pas à leur manière sur les raisons qui les ont amenés à quitter la France », poursuit l’élue, sous réserve de chiffres officiels définitifs non encore parus.
Selon les résultats partiels à l’heure où nous publions cet article, Marine Le Pen et Eric Zemmour arrivent en Tunisie respectivement en 3ème et 4ème position, à 5% et 3%, soit des chiffres qui restent bien en deçà de leurs scores en métropole de 23% et 7%.