Présidentielle 2022 : guerre de trois à l’extrême droite
Marine Le Pen, Eric Zemmour, mais aussi Valérie Pécresse chassent sur les mêmes terres les votes de l’extrême droite. Le polémiste est en train de réussir son pari d’affaiblir sensiblement celle qui était jusque-là la patronne incontestée à la droite des Républicains. Tandis que la présidente de l’Ile de France a choqué en reprenant à son compte des thématiques que l’on croyait l’apanage de la droite xénophobe.
Au Rassemblement national (RN) on se félicite que les « fruits pourris tombent ». Une rhétorique qui cache mal l’embarras de Marine Le Pen face à cette vague de départs. En effet, grâce à une rhétorique d’extrême droite assumée, Eric Zemmour continue à engranger des soutiens à ses dépens, mais aussi aux dépens de Valérie Pécresse.
Au lendemain de la suspension par le Rassemblement national de Nicolas Bay, l’un de ses dirigeants, tenté lui aussi par Eric Zemmour, la question des transfuges à l’extrême droite continue mercredi à drainer son lot d’insultes et d’appels à resserrer les rangs.
« Secouer un arbre pour que les fruits pourris tombent, c’est finalement toujours une bonne chose. Ça régénère la vitalité », a affirmé sur RMC Laurent Jacobelli, porte-parole de la campagne de la candidate. Le président du RN Jordan Bardella s’est, quant à lui, efforcé de minimiser les départs. Il a refusé de parler de « saignée » sur France Inter et assure qu’il ne s’agissait que « d’une dizaine » de personnes sur un millier d’élus.
Défections en série au Rassemblement national
Trois eurodéputés – Jérôme Rivière, Gilbert Collard et Maxette Pirbakas – ont en effet déjà rejoint le candidat Reconquête! Ils ont été suivis dimanche dernier par l’unique sénateur RN Stéphane Ravier, ainsi que plusieurs conseillers régionaux.
La candidate du RN a par ailleurs suspendu mardi Nicolas Bay de ses fonctions. Elle accuse l’eurodéputé et membre du bureau exécutif de « sabotage ». Ce proche de Marion Maréchal pourrait officiellement rallier Eric Zemmour avant ou autour d’un déplacement du candidat samedi en Normandie. Sans le nommer, Marine Le Pen a « demandé à ceux qui opèrent la stratégie de la limace de bien vouloir accélérer leurs départs (…) Parce que la limace est lente, mais aussi poisseuse ».
Valérie Pécresse verse dans le complotisme
La question des transfuges concerne aussi la candidate LR Valérie Pécresse. Après une semaine difficile entre confidences peu amènes de Nicolas Sarkozy et meeting jugé raté, elle se retrouve désormais au coude-à-coude dans les sondages avec Éric Zemmour à la troisième place. Lors un discours que beaucoup attendaient, Mme Pécresse a raté l’occasion de convaincre. Au contraire, sa prestation a été vertement critiquée, notamment sur la forme, y compris dans son camp. Et les voix s’élèvent pour remettre en cause sa capacité à mener la campagne de son parti. Sur le fond également, le meeting de Valerie Pécresse a suscité de nombreux commentaires.
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« Dans dix ans, serons-nous encore la septième puissance du monde ? » s’est interrogé la candidate. Avant de citer, parmi les menaces qui pèsent sur le pays, le « grand remplacement ».
Cette théorie complotiste de l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus était jusque-là cantonnée aux discours d’extrême droite. Eric Zemmour, entre autres, en a fait un de ses chevaux de bataille en prônant une politique strictement anti-immigration. Cette sortie a donc surpris, à droite comme à gauche. Beaucoup y voyant une tentative de Valérie Pécresse de consolider son aile droite et de rallier à elle les déçus du RN tentés par Eric Zemmour.