Premier déplacement en France de Bouden en tant que cheffe du gouvernement

 Premier déplacement en France de Bouden en tant que cheffe du gouvernement

En déplacement à Paris où elle participe à plusieurs événements concomitants, la fraîchement investie cheffe du gouvernement, Najla Bouden, a assuré que « la Tunisie est déterminée à repenser l’investissement dans les domaines de l’éducation et de l’enseignement ». Une déclaration contredite par la réalité dans l’immédiat, celle d’un secteur éducatif tunisien profondément en crise.

Le même jour, la plupart des enseignants tunisiens faisaient grève. Ils protestent contre la banalisation de la violence dans les établissements scolaires, après la sauvage attaque au couteau et à la machette d’un professeur du secondaire par un élève mineur de 17 ans, dans la banlieue sud de Tunis.

Un mois jour pour jour après l’annonce de la composition de son gouvernement, Najla Bouden qui s’affichait en France aux côtés des grands de ce monde, n’a pas pu contredire pour autant les voix de plus en plus nombreuses en Tunisie à déplorer une volonté de Carthage de ne pas mettre en avant celle qui est qualifiée de « Première ministre » et de « chargée de mission ».

Car force est de constater par exemple que l’allocution de la cheffe du gouvernement ne figure pas dans la page officielle de la Kasbah. La veille de son départ, elle fut même contrainte par Carthage de se séparer de sa chargée de la communication moins de 24 heures après sa désignation. En cause selon l’intéressée remerciée illico, d’anciens statuts Facebook critiques du président de la République Kais Saïed.

Ce dernier, dont on sait qu’il n’affectionne pas les déplacements à l’étranger, tend à déléguer de plus en plus ses activités à l’international à sa Première ministre, après que celle-ci l’ait déjà représenté au Sommet de l’Initiative verte en Arabie saoudite fin octobre. Arrivée à Paris sans délégation, Bouden remplace d’autre part opportunément le président Saïed qui ne cache plus son alignement sur l’Algérie d’Abdelmadjid Tebboune, lui-même en froid avec la France, comme en témoigne le récent vote de la Tunisie au Conseil de sécurité de l’ONU dans le dossier du Sahara.

 

Najla Bouden aux côtés d’Emmanuel Macron, d’Audrey Azoulay directrice générale de l’UNESCO, et de Hage Geingob, président de la Namibie

Dans son allocution prononcée à l’ouverture des travaux de la 41ème conférence générale de l’UNESCO, placée sous le thème « Investir dans l’éducation – une mobilisation mondiale pour la préparation de l’étape post-COVID-19 », Bouden a rappelé que la priorité donnée par la Tunisie à l’éducation fait partie des fondamentaux invariables de l’Etat post indépendance.

 

Enjeux éducatifs dans la Tunisie post Covid-19

Elle a également souligné que les changements opérés dans les systèmes éducatifs dans le monde entier des suites de l’impact de la pandémie « ont davantage ralenti la cadence de la réalisation des objectifs du développement durable dont une éducation de qualité ».

« Le fossé s’est creusé entre les pays à revenu élevé, les pays en voie de développement et les pays les moins développés, en particulier sur le continent africain en raison de la pandémie de Covid-19 », regrette-t-elle.

La Tunisie, à l’instar d’autres pays ayant subi de plein fouet les conséquences de la pandémie, a connu une baisse ostensible des indicateurs du secteur de l’éducation, a indiqué Bouden, précisant que la reprise des cours dans les établissements scolaires dans de bonnes conditions demeure toujours un défi pour son équipe.

La cheffe du gouvernement était arrivée plus tôt dans la journée à Paris pour participer aux travaux du Forum de Paris sur la paix, à la conférence générale de l’UNESCO, mais aussi à la célébration du 75e anniversaire de sa création et au Sommet de Paris sur la Libye, qui se tient aujourd’hui vendredi 12 novembre.

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