Pour garder ses habitants, Paris vise 30% de logements sociaux d’ici 2035

 Pour garder ses habitants, Paris vise 30% de logements sociaux d’ici 2035

FRED TANNEAU / AFP

La Ville de Paris veut 40% de « logements publics » à l’horizon 2035, dont une grande partie de HLM. La capitale, qui compte déjà un quart de logements sociaux, compte sur la révision en cours du Plan local d’urbanisme (PLU) et la création d’une société foncière pour atteindre ses objectifs.

L’objectif de 25% de logements sociaux dans la capitale, fixé par l’ancien maire socialiste Bertrand Delanoë au début des années 2000, est « dès aujourd’hui quasi atteint », s’est félicité l’adjoint PCF au logement Ian Brossat. Début 2021, la capitale comptait déjà en effet 24,8% de logements sociaux financés. « On atteindra les 25% livrés en 2025 », précise l’élu communiste.

« Il reste des besoins non satisfaits », reconnaît-il, malgré cet effort sur le parc social. Un arrêté en attente de publication doit prochainement donner à la Ville la compétence pour sanctionner les propriétaires qui ne respectent pas l’encadrement des loyers. Soit 31% des cas du parc privé, selon la Fondation Abbé-Pierre.

 

Enrayer la fuite des Parisiens

Le temps presse. Paris perd environ 10 000 habitants par an depuis une décennie, selon l’Insee. Avec son marché immobilier inaccessible au plus grand nombre et des loyers souvent prohibitifs, il est difficile pour un ménage de la classe moyenne de s’installer dans de bonnes conditions dans la Ville lumière, ou même d’y rester.

Afin d’enrayer cette tendance, Ian Brossat compte donc porter à 30% le total de logements sociaux à l’horizon 2030. Il souhaite aussi développer à hauteur de 10% le logement « abordable, c’est-à-dire 20% en deçà du prix du marché, pour les classes moyennes ». L’un des projets emblématiques est par exemple la transformation des mythiques magasins Tati dans le populaire 18e arrondissement.

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L’adjoint à la maire de Paris compte sur la révision en cours du plan local d’urbanisme (PLU) pour y insérer une obligation à intégrer une part de logement dans toute nouvelle construction, y compris les bureaux. « Le seuil n’est pas encore fixé, ce ne sera pas forcément 30% sur les bureaux » comme sur les logements neufs, une obligation en vigueur depuis 2015, souligne Ian Brossat. Mais « tout mètre carré construit à Paris doit nous permettre de faire du logement supplémentaire », insiste-t-il.

 

Un plan qui ne fait pas l’unanimité

L’élu entend aussi lancer une « foncière du logement social et abordable, spécifiquement dédiée à la transformation d’immeubles ». Son rôle sera de « racheter des immeubles de bureaux, garages aériens, hôtels pour les convertir en immeubles de logements locatifs, soit sociaux soit abordables ». L’élu communiste espère que cette foncière, pour lequel il n’a pas de budget à ce stade, soit « sur pied dès 2023 ».

Pour l’opposant LR Jean-Baptiste Olivier, ces propositions ne contiennent « rien de nouveau : c’est ce qu’il passe depuis des années et ce qu’on qualifie, nous, de bétonnisation » de la capitale. « On ne fait plus que du logement au détriment de toute autre activité », déplore cet élu du groupe de Rachida Dati pour qui la création d’une « foncière de plus » va permettre à la majorité de gauche de « maquiller un peu les futures préemptions ». La mairie dispose en effet déjà depuis 2019 de la Foncière de la Ville de Paris. Son but est de faciliter l’accession à la propriété des classes moyennes via le bail réel solidaire (BRS), où le foncier reste propriété de la foncière.