Mehdi Zouaoui, avocat envers et contre tous
Spécialisé en droit privé au barreau de Metz, ce père de trois enfants n’a pas chômé depuis son arrivée en France. Prédestiné à devenir ingénieur, il a pris le contre-pied des ambitions familiales pour écrire sa propre histoire.
“Mes parents voulaient que je devienne ingénieur, je n’avais pas voix au chapitre.” Né au Maroc, à Salé, en 1977, Mehdi Zouaoui grandit avec sa sœur à Casablanca dans une famille aisée qui avait pour obsession les études de leurs enfants. Après un parcours scolaire en primaire dans le privé, “pour avoir un minimum de bagages”, il poursuit son cursus dans le secteur public, à sa plus grande joie… “J’ai eu la chance d’avoir des professeurs remarquables.” Après son bac, obtenu en 1995, ses parents continuent de le pousser dans cette voie. “Quand je leur demandais si je pouvais choisir mon orientation, ils me répondaient : ‘Oui, bien sûr, ingénieur des mines, ingénieur informaticien, ingénieur hydraulique.’” Il passe donc plusieurs concours et intègre l’école d’ingénieur de Nancy en prépa intégrée. Là, il découvre la liberté… de faire ses propres choix. “J’étais le petit garçon idéal, je disais oui à tout, je n’ai pas connu de crise d’adolescence.” Sa première dépression arrive en France. “Je commençais à avoir en horreur les maths, la physique et tout ce qui va avec. J’ai donc arrêté les cours sans prévenir ma famille.” Durant cette année, il lit énormément, notamment John Grisham (La Firme, L’Affaire Pélican) et il se découvre une vocation. “Je suis tombé amoureux du métier d’avocat à la lecture du livre L’Idéaliste.” En fin d’année, il obtient une dérogation pour changer d’orientation et il intègre la faculté de droit. “Ça a été le coup de foudre immédiat. J’ai découvert une discipline que j’aimais : le droit constitutionnel. J’étais dans mon élément.” Ses parents, eux, ne partagent pas son enthousiasme, considérant qu’il ne s’agit que d’une lubie. Sa mère s’y fait, mais son père coupe les ponts, jusqu’à l’obtention de son Deug, “au vu de mes résultats, il a compris que c’était sérieux. On en a parlé et la seule chose qui l’inquiétait, c’était que je ne puisse pas exercer mon métier au Maroc”.
“Le Maroc, c’est mon pays. La France aussi”
Désormais soutenu, il fait un passage en Angleterre pour enrichir sa formation par le droit des assurances, puis revient en France, passe l’examen du barreau, et prête serment à Metz. Le jeune avocat débute dans un grand cabinet, “avec en tête l’imaginaire de la success story”, mais il en revient vite. “En termes de rentabilité et de relation directe avec le client, ce n’était pas ce que je souhaitais. Je me suis alors mis à mon compte.” Depuis douze ans, ce père de trois enfants (“ma plus belle réussite”), exerce son métier avec passion. Plus à l’aise avec le droit pénal, le droit du travail et de la famille, “les trois branches les plus à même de faire appel à mon art oratoire”, Medhi Zouaoui retourne régulièrement au Maroc. Et pas question de pays d’origine : “C’est mon pays. La France aussi. Mon père et ma mère, ce sont mes parents. C’est la même chose pour mes deux pays”, plaide l’avocat.
MAGAZINE MARS 2018