Portrait : Le parcours de Simon Worou, de videur de boîte de nuit à Maire

 Portrait : Le parcours de Simon Worou, de videur de boîte de nuit à Maire

 » Je ne restais pas chez moi, j’allais vers les gens »

Dans un village de 630 habitants, Simon Worou a été réélu à 87% aux élections municipales de 2020. En 2014,  déjà, il  avait été élu à 62%. Simon raconte son parcours.

« Je suis allé chercher les gens qui avaient des a priori ». Certains l’ont reconnu, ils n’avaient jamais imaginé que j’allais m’investir autant dès mon premier mandat en tant que maire ». D’où le plébiscite du deuxième.

Né à Lomé au Togo, Simon Worou s’installe à Aveyron, après avoir servi dans l’Armée française. A l’époque, dans ce petit village, certains habitants étaient déjà habitués à la diversité. Une acceptation qui reste mitigée toutefois. Certains, dans leurs regards approuvaient, d’autres refusaient manifestement sa présence. Il y avait un sentiment de peur qui se dégageait.

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Au début, Simon Worou multipliait les petits boulots, dont celui de videur de boîte de nuit, de 1999 à 2012. Il se souvient que la première phrase qui sortait en le voyant :  » Ah tiens, on ne t’a pas vu venir », à cause du manque de lumière. Ou encore, quand il y a une photo à prendre, on lui demande de sourire, « sinon on risque de ne pas te voir. »

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/06/26/severiano-de-heredia-a-t-il-ete-le-premier-maire-de-paris-noir_6044318_4355770.html

« On gardait le silence, mais c’est une souffrance » 

« Pour nous, qui voulions nous intégrer, nous gardions le silence, sans relever. On ne disait rien. Mais c’est une souffrance, » finit-il par reconnaitre.

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Simon ne se décourage pas pour autant. Il intègre en 2002 le club du rugby du village voisin. Ne connaissant rien à cette discipline, au premier rendez-vous, il est allé jouer avec un short de foot,  » les autres se sont foutus de moi », se souvient-il en riant.

Les gens venaient le voir jouer et à la fin du match ils le félicitent. Une reconnaissance du public et une sympathie commencent à naître. Et petit à petit   » Les gens commencent à te connaitre, finissent par te tolérer, t’accepter. Ils évoluent », analyse-t-il.

Le fait de participer à un jeu collectif et de jouer pour un territoire ont contribué à l’intégration de Simon dans cette petite communauté.   » J’aurais pu ne pas faire du rugby. Mais en restant chez moi, je n’aurai pas conquis ces personnes ».

« Tu es la fierté de la famille » 

Maire, cadre fonctionnaire et entraineur de rugby, Simon Worou est père de deux enfants. La famille de sa femme est Aveyronnaise. Un jour, il a reçu un courrier envoyé par l’une des tantes de son épouse qui a résumé son parcours ainsi :  » On n’aurait pas pensé un jour que tu fasses de notre fille ce qu’elle est devenue. Aujourd’hui, tu es cadre fonctionnaire, tu es Maire. Tu es la fierté de la famille. »

Une lettre qui couronne enfin ses efforts et une reconnaissance qui a touché Simon au plus profond de lui-même.