Politiques versus journalistes – Enquête sur un scandale démocratique

 Politiques versus journalistes – Enquête sur un scandale démocratique

Emmanuel Macron visitera 4 pays pour son 18e déplacement en Afrique en tant que président. Ludovic MARIN / POOL / AFP

Migrations, pass vaccinal, inflation, chômage… Autant de sujets qui peuvent parasiter la campagne pour l’élection présidentielle française, on peut ajouter aussi l’exaspération d’une grande partie des journalistes pour un président qui « emmerde » autant les médias que les anti-vax.

 

Dans ce contexte, le futur candidat Emmanuel Macron devra faire particulièrement attention à̀ ne pas vendre la peau des médias avant de les avoir tués. Ce n’est pas parce qu’on a dans la poche les journaux appartenant au CAC 40 que les autoroutes de l’information sont bien asphaltées.

Croire que la sortie de L’Elysée (et les oligarques) contre l’info à quelques encablures du premier tour de l’élection présidentielle relève de la pure coïncidence, serait faire preuve d’une grande naïveté. Jean-Baptiste Rivoire lui-même journaliste jette une lumière crue sur les tentatives (réussies et les plus rares, avortées) d’entraver la sortie d’investigations, de censurer des reportages fouillés, différentes sortes de pressions exercées sur des journalistes d’investigation alors qu’ils arrivaient au bout de leurs enquêtes pour les chaînes de télévision publiques ou privées.

Si les trois derniers présidents de la République n’ont que peu de raisons de se sentir fiers de ces 400 pages menées tambour battant, c’est l’actuel locataire de l’Elysée qui en prend pour son grade. « Pour avoir encouragé une poignée de riches industriels à prendre le contrôle de la quasi-totalité des médias privés, les responsables politiques français se retrouvent piégés, contraints de leur montrer patte blanche pour accéder au pouvoir », explique l’auteur en introduction.

Les Censures et pressions sont le fait de tous mais la proximité d’Emmanuel Macron avec les Rotschild et autres Lagardère en font un accusé de marque.

Même si la curée ne date pas vraiment de l’arrivée de Macron à l’Élysée, selon l’auteur, la bérézina aurait commencé en 2006, quand ont été supprimés les numéros de Cash Investigation qui fournit de longues enquêtes fouillées, rigoureuses et souvent accablantes contre les lobbies pharmaceutiques, « Les vendeurs de maladies» ; sur l’évasion fiscale,  «Paradis fiscaux, les petits secrets des grandes entreprises» ; les industriels de la malbouffe, « Industries agro-alimentaires : business contre santé ».

Plus près de nous, Emmanuel Macron accusé de « qualifier l’audiovisuel public de honte » sait pourtant que des émissions telles qu’Envoyé́ spécial, Complément d’enquête, Cash Investigation ou Pièces à conviction ont contribué́ à faire connaître les affaires Penelope Fillon, Pygmalion et plus tard Alexandre Benalla.

« Les magazines d’information de France Télévisions, avec Le Monde, Le Canard enchainé ou Mediapart ont bousculé la République à maintes reprises. Ils ont dévoilé les pratiques contestables de patrons du CAC 40 comme Bernard Arnault (LVMH), Vincent Bolloré (Vivendi), Xavier Niel (Iliad-Free), Patrick Drahi (Altice-SFR) ou Arnaud Lagardère, cinq puissants propriétaires de presse souvent enclins à̀ s’appro- prier les médias privés pour orienter les choix démocratiques des Français ». « En 2017, tous soutenaient Emmanuel Macron », ajoute le journaliste qui laisse entendre que la mise à mort de ces « poils à gratter » ferait partie du deal qui a permis à Jupiter d’accéder au Panthéon.

Conclusion réussie d’une enquête de plus trois ans, menée au cœur du système médiatique français par ce journaliste et auteur reconnu, cet ouvrage au contenu explosif revient ainsi sur l’usage exorbitant du pouvoir conféré par l’Élysée aux présidents pour faire taire le journalisme d’investigation.

 

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