Une proposition parlementaire de criminaliser l’antisionisme suscite la polémique

 Une proposition parlementaire de criminaliser l’antisionisme suscite la polémique

Des députés veulent sanctionner la critique de la politique de colonisation israélienne au même titre que l’antisémitisme


Le député La République en marche (LREM) Sylvain Maillard veut criminaliser l’antisionisme au même titre que l’antisémitisme, selon une information de France Info. Le Président de la République devrait trancher mardi sur cet amalgame entre antisémitisme et antisionisme, qui suscite déjà une violente polémique.


Sous l'impulsion du député Maillard, les membres du groupe d'étude sur l'antisémitisme devraient soumettre un texte proposant que « l'antisionisme soit reconnu et puni en France pour ce qu'il est : de l'antisémitisme ! », a annoncé sur Twitter le parlementaire. Leur décision doit être prise avant le discours d'Emmanuel Macron au dîner du Crif le 20 février.


Le président du groupe d'étude a accompagné son message de la citation « sale sioniste de merde », une injure supposément lancée à l'encontre d’Alain Finkielkraut le 16 février à Paris, lors de l'acte 14 des Gilets jaunes. « La haine d’Israël est une nouvelle façon de haïr les juifs » ajoute le député de Paris, ajoutant qu’« on peut critiquer le gouvernement d'Israël, mais pas remettre en cause l'existence même de cet État ». Le philosophe a cependant précisé ne pas avoir entendu cette insulte précise.


Les 31 députés du groupe d’étude doivent décider ce mardi de la forme que prendra cette initiative : une proposition de loi ou une résolution de l'Assemblée nationale.


 


Vive polémique


L’annonce a largement fait réagir, en particulier dans le milieu associatif. « L’antisémitisme n'est pas l'antisionisme », a tweeté David Nakache, président de l’association Tous citoyens. « Je combats l'antisémitisme. Je m'oppose à la politique d'Israël. Je suis athée. Je suis juif aux yeux des antisémites. Je suis un traître aux yeux des sionistes. Merci de ne pas tout confondre, sinon je suis perdu », plaide-t-il.


Mardi matin, l’Union juive française pour la paix (UJFP) a dénoncé l’initiative parlementaire dans un communiqué intitulé « Nous sommes juifs et nous sommes antisionistes ». « Nous sommes antisionistes par ce que nous sommes antiracistes et parce que nous refusons l’apartheid qui vient d’être officialisé en Israël », écrit notamment l’association connue pour ses positions en faveur d’une solution pacifique respectant les droits des populations palestiniennes chassées de leurs terres par Israël.


Le gouvernement lui-même a pris ses distances. Au micro de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand a estimé que l’arsenal juridique actuel était suffisant pour lutter contre l'antisémitisme. « Nier le droit à Israël d'exister est évidemment inacceptable (…) Faut-il pour autant prendre une loi qui ferait que critiquer la politique du gouvernement israélien serait assimilable à un délit ? » s’est-il interrogé.


Rached Cherif


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