Sonia Krimi, premiers pas de la nouvelle députée
Elue députée de la 4e circonscription de la Manche, Sonia Krimi, née à Tunis, a fait ses premiers pas à l’Assemblée nationale. Nous l’avons suivie.
Grande brune bien apprêtée, Sonia Krimi, 34 ans, déambule avec une certaine aisance dans les couloirs pompeux de l’Assemblée. Tout sourire, elle est plutôt fière de “dire bonjour à tout le monde”, sa bonne humeur et sa candeur dénotant avec ce monde plutôt austère des petites messes basses au coin des couloirs tortueux, dans lesquels il est franchement difficile de se retrouver. Assise à la place numéro 334 de l’hémicycle pour la première séance, elle agite les bras au lieu d’applaudir François de Rugy, lequel vient d’être élu président de l’Assemblée nationale. “C’est en langage des signes : je manifeste ainsi le manque de place fait aux handicapés dans l’hémicycle”, explique-t-elle. En sortant de la séance au protocole bien huilé, cette Tunisienne devenue française il y a cinq ans seulement, en a les larmes aux yeux : “Je fais partie des élus de la nation française”, réalise-t-elle.
“Je viens d’un pays où on n’arrive plus à se parler.”
Elue à plus de 60 % des voix dans la 4e circonscription de la Manche, territoire de Bernard Cazeneuve – l’ancien Premier ministre – Sonia Krimi a fait une entrée fracassante dans la vie politique. Déjà, elle a eu le “culot” de se confronter et de battre, sous l’étiquette “majorité présidentielle”, Blaise Mistler, candidat officiel de La République en marche (LREM). “C’était un ami d’Edouard Philippe, mais le bureau local d’En marche m’a soutenue car j’étais la candidate élue par les militants”, se souvient Sonia Krimi. Cela dit, dès la première grande réunion des élus LREM, elle a été “adoubée” par le vote des députés l’accueillant dans le groupe majoritaire, et ce aux cotés de… Manuel Valls. “On a des amis en commun”, chuchote-t-elle, changeant ses chaussures à talons par des petites ballerines, plus pratiques pour s’élancer dans le brouhaha de l’Assemblée.
Un peu angoissée d’entrer dans la cour politique, elle n’hésite pas à glaner quelques conseils. A table, à la brasserie Le Bourbon, la sulfureuse députée, anciennement PS, Claire O’Petit (1), lui explique “qu’il faut garder son énergie pour les choses qui en valent la peine… surtout avec les journalistes”. Mais Sonia Krimi n’a pas sa langue dans la poche et refuse qu’on la compare à un “godillot”. “Je voterai en mon âme et conscience, et s’il y a des choses qui ne me plaisent vraiment pas, je n’hésiterai pas à le dire”, explique la nouvelle élue. Mais toujours dans le débat et la “bienveillance”, précise celle dont l’expérience de vie tunisienne reste un marqueur fort : “Je viens d’un pays où on n’arrive plus à se parler.”
Jeune, ambitieuse, motivée et entrepreneuse
Elle a grandi à Tunis, y a fait la première partie de ses études, avant de rejoindre la France pour un master à Toulon d’abord, puis à Nice. Cette doctorante en gestion a débuté sa carrière comme enseignante, avant de rejoindre le privé, pour de grandes sociétés, notamment dans le secteur nucléaire (Areva), spécialisée dans la “maîtrise des coûts” et la “performance industrielle”. Son parcours et son CV collent parfaitement avec le profil type de La République en marche : jeune, ambitieuse, motivée et entrepreneuse. Inscrite à la commission des Affaires étrangères, Sonia Krimi a cependant refusé de nous dire quelles seraient ses priorités en la matière. On a, cela dit, notre petite idée.
(1) Ses déclarations en faveur de la baisse des APL lui ont attiré les foudres des associations.
MAGAZINE SEPTEMBRE 2017