Macron pas favorable à l’interdiction des listes communautaires
Emmanuel Macron a promis mardi de nouvelles mesures contre le communautarisme « dans les prochaines semaines », mais s’est prononcé contre l’interdiction des listes communautaires aux municipales de mars, dans un discours devant le Congrès des maires de France.
Visant « l’islam politique » et « l’islamisme politique » de ceux qui ont « un projet de séparation d’avec la République », le chef de l’État a affirmé que le gouvernement porterait « des actions nouvelles concrètes dans les prochaines semaines » sans plus de précisions. Mais, face aux listes électorales communautaires, « il ne s’agit pas de proclamer l’interdiction pour régler le problème », a-t-il dit, soulignant la difficulté de les identifier. « Je nous appelle collectivement à la prudence » pour « voir toutes les conséquences de ce qu’on propose ».
« Comment les définir ? Qui en serait le juge et selon quels critères ? » « Qui peut penser d’ailleurs que de telles listes se présenteront à visage découvert ? » a lancé Emmanuel Macron qui a appelé au « combat politique ». Il faut « faire tomber les masques de ceux qui combattent la devise inscrite sur les frontons des mairies qu’il convoitent ».
Une réponse en forme de fin de non-recevoir au patron des sénateurs LR Bruno Retailleau qui a déposé le 8 novembre une proposition de loi pour lutter contre les « listes communautaristes », en pleine polémique sur ce sujet et le voile, dans le sillage du débat sur l’immigration au parlement voulu par le chef de l’État. Le texte vise notamment à empêcher le dépôt de listes ou le financement de candidats menant une « campagne communautariste » et soutenant des revendications « fondées sur l’origine ethnique ou l’appartenance religieuse ».
Une proposition de loi LR pour interdire les listes communautaires
« C’est un renoncement de plus. La République doit poser des limites. Avec ce raisonnement on ne dissoudrait pas les mouvements anti-républicains. L’immobilisme est en marche, rien ne l’arrêtera ! » a réagi M. Retailleau.
« Je ne peux bien entendu rester silencieux sur la question du communautarisme, de l’islamisme politique », a dit Emmanuel Macron, à des maires dont plusieurs lui ont fait remonter des cas d’associations salafistes très actives dans leur commune. « 12 lieux de culte ont ainsi été fermés, 4 écoles hors contrat, 9 établissements associatifs, près de 130 débits de boissons », a précisé le chef de l’État. « Cette action continuera d’être menée », a-t-il dit aux maires, « peut-être faut-il des lois nouvelles ou des décisions plus fortes ».
« Mais, je veux nous appeler collectivement à ne pas tout confondre », « ça n’est en aucun cas un cadre de combat ou d’exclusion » contre une partie de la société française. « Ce serait une profonde erreur historique et une faute lourde politique ».
Dans le collimateur du sénateur de droite figurent des partis revendiquant une appartenance religieuse ou ethnique comme l’Union des Démocrates Musulmans Français (UDMF). La liste UDMF menée par Nagib Azergui aux élections européennes de mai 2019 avait recueilli moins de 30000 voix au niveau national (0,13%). Elle avait toutefois réalisé des scores honorables dans certaines localités à forte concentration d’électeurs d’origine maghrébine, comme à Mantes-la-Jolie (6,8 %) ou dans le 15e arrondissement de Marseille (2,1 %).
(Avec AFP)