Le premier adjoint à la mairie de Paris démissionne avec fracas
C’est l’un des piliers de la mairie de Paris qui claque la porte de l’exécutif de la capitale et met la maire en difficulté avec sa majorité. Bruno Julliard a annoncé sa démission à ses collègues élus dans une lettre dans laquelle il fait part de ses désaccords et de son refus à « défendre des décisions (qu’il) ne partage pas ».
Alors que les élections municipales se profilent à l’horizon, la maire de Paris Anne Hidalgo subit un rude coup avec la démission surprise de son premier adjoint Bruno Julliard. « Je considère ne plus être en capacité de poursuivre mon action dans de bonnes conditions, ne pouvant me résoudre à défendre des décisions que je ne partage pas », indique-t-il dans le courrier envoyé – dont le Courrier de l'Atlas a eu copie – ce lundi pour expliquer son départ annoncé peu avant à sa supérieure et confirmé dans un entretien au journal Le Monde.
« Je n’y crois plus. Je ne veux pas faire semblant », explique Bruno Julliard qui dénonce la méthode Hidalgo. « Au lieu de s’ouvrir et d’engager le dialogue avec les Parisiens pour surmonter les difficultés actuelles, c’est le repli sur l’Hôtel de Ville et le déni de sa part qui l’ont trop souvent emporté », regrette l’élu socialiste. La charge est rude alors que l’élue parisienne qui ambitionne de se faire réélire a accumulé les difficultés ces derniers mois : arrêt du service de voitures en libre-service « Autolib’ », débuts chaotiques du nouveau « Vélib’ », gronde des automobilistes contre les restrictions des automobilistes ou encore bras de fer avec les forains installés dans la capitale.
Dans sa lettre explicative, Bruno Julliard estime pour sa part avoir largement pratiqué la concertation et côtoyé les acteurs de la Culture, portefeuille dont il avait la charge. « Nous avons porté ensemble un projet d’ouverture aux autres, au monde, aux pratiques et aux esthétiques de tous les horizons, aux folies, aux idées », leur écrit-il en ajoutant que les engagements « ont été pour l’essentiel honorés ».
Une méthode qui apparaît donc diamétralement opposée à celle qui serait celle de sa supérieure. « J’espère provoquer un électrochoc nécessaire, utile à la gauche et au camp progressiste et écologiste », conclut-il.
La mairie n’a pas tardé à réagir en nommant dans la journée Emmanuel Grégoire, un fidèle, en remplacement de M. Julliard. « Être maire de Paris n’est pas un long fleuve tranquille, c’est une vocation. La vie nous réserve parfois des surprises et la politique aussi. Le reste, ce ne sont que des soubresauts », a twitté la maire dans la soirée, souhaitant visiblement clore rapidement cette séquence.
Rached Cherif