La santé des migrants mise au second plan ?
Après de vifs débats à l'Assemblée nationale, les mesures votées réaffirment la volonté de combattre la fraude au détriment de la santé des migrants.
Baisse budgétaire
Une enveloppe amputée de 15 millions d'euros pour l'Aide médicale d'Etat (AME) concernant le budget santé de 2020, annonçait le gouvernement la semaine dernière. Jeudi dernier (7 novembre), l'Assemblée nationale votait des mesures sur la couverture santé des migrants, dont la plus controversée était l'instauration d'un délai de carence de trois mois pour l'accès à la couverture santé de base (PUMa), hors soins urgent.
« Les soins hospitaliers vitaux, les maladies infectieuses, les soins délivrés aux femmes enceintes et nouveau-nés, et le délai de carence n'est pas applicable aux enfants mineurs » expliquait Mme Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. Des précisions loin de rassurer totalement les organisations de défense des droits des migrants.
Contre le délai de carence
Ainsi, dès l'annonce de cette mesure, 12 organisations, dont Médecins du Monde, La Cimade ou encore le Gisti (groupe d’information et de soutien des immigrés), demandaient au gouvernement de « renoncer à son projet d’instauration d’un délai de carence pour l’accès aux soins des demandeurs d’asile ».
Pour ces organisations, outre le fait que ceci entraînerait « des prises en charge à un stade plus avancé de leur pathologie », ça compliquerait également les démarches des demandeurs de l'AME qui devront « se présenter physiquement lors de l’enregistrement de leur dossier auprès des CPAM ». Ce qui occasionnerait un engorgement supplémentaire des guichets de ces caisses.
L'AME de la discorde
« L’introduction d’une obligation d’entente préalable pour certains soins couverts par l’AME (validation par un médecin du besoin de soins pour sa prise en charge effective) et la modification de la condition de résidence en condition de résidence irrégulière sont des reculs importants », selon les organisations de défense des droits des migrants.
Des mesures mises en place pour contrer les abus de l'AME « pour financer des prothèses mammaires », dénonçait notamment début septembre dernier le député LREM Stanislas Guerini.
Or, La Cimade rappelait, en réponse, que les chiffres des fraudes et abus étaient minimes : « Elle [L'AME, ndlr] ne représente que 0,5 % des dépenses liées à l’Assurance maladie (…) Les cas de fraude sont rarissimes contrairement à certaines idées reçues : 38 cas recensés en 2018 sur plus de 300 000 bénéficiaires, selon un rapport du Sénat ».