Interview de Nasser Lajili qui vient d’annoncer sa participation aux élections régionales

 Interview de Nasser Lajili qui vient d’annoncer sa participation aux élections régionales

Elections régionales 2015. Nasser Lajili et Caroline Oudet


Gennevillois pur jus, Nasser Lajili, 33 ans, a passé la plus grande partie de sa vie au Luth, le plus gros quartier de la ville. « C’est là qu’est né mon désir d’engagement, de faire bouger les choses, de bousculer les règles établies », précise-t-il. En 2002, il intègre le Conseil local de la Jeunesse de la ville. Commence alors son apprentissage de la politique, de la démocratie participative et de la citoyenneté, qui le conduira tout naturellement en 2008 au poste de conseiller municipal. 


 


Depuis, il ne rate plus aucune élection. Aux cantonales de 2011, il réalise un score de 8%, puis 13,5% à la tête d’une liste de gauche indépendante aux municipales de 2014. Ce lundi 26 octobre, il a annoncé sa participation aux Régionales. Un scrutin qui se tiendra le 6 et le 13 décembre prochain et où il sera tête de liste dans les Hauts-de-Seine. « C’est à nous » se veut « 100% citoyenne », sans le soutien donc d’aucun parti. Interview.


 


Qu'est-ce qui vous pousse aujourd’hui à partir une nouvelle fois dans une bataille électorale ? 


10 ans après les révoltes sociales de 2005, la situation s’est globalement dégradée. En faisant le constat de toutes les dérives qui s’aggravent dans notre société : les discriminations, le chômage massif qui touche davantage les jeunes et les femmes, la crise de représentativité, l’abandon des quartiers populaires, les difficultés pour se loger, les trahisons des partis traditionnels, le clientélisme, l’islamophobie, je me dis qu’il faut que les citoyens indépendants, comme nous, s’engagent et s’organisent, pour être présents à toutes les élections. On ne peut pas juste constater, il faut aussi agir. 


 


Vous vous dites « d'aucun parti » … 


Absolument, nous sommes 100% indépendants, sans soutien d’aucun parti, nous obligeant donc à trouver des fonds en ne comptant que sur la générosité des uns et des autres. Même si nous avons sur notre liste des élus municipaux, dont quatre dans les Hauts-de-Seine, aucuns ne dépendent d’un parti, à l’exemple de Dawari Horsfall, maire adjoint à Massy, qui est notre tête de liste régionale. Notre liste est aussi très diverse avec des représentants associatifs, des étudiants, des chômeurs, des salariés, des cadres, des commerçants … à l’image de l’Ile de France. 


 


Le premier tour est dans cinq semaines. Votre campagne ne démarre-t-elle pas un peu tard ? 


A la différence des grosses écuries, nous ne pouvons pas nous permettre d’engager nos moyens et nos forces trop en amont. De toute façon, à l’heure actuelle, les gens ne s’intéressent pas encore à ces élections. A cause du buzz médiatique, la campagne tourne autour essentiellement du Front national. Tout se jouera dans les deux dernières semaines. C’est là qu’il nous faudra être omniprésents, au contact quotidien des habitants.


 


Même si votre programme n'est pas encore ficelé, quelles vont être les grandes lignes ?


Désenclaver certains quartiers, favoriser la mobilité des gens modestes, réduire la pollution, et rendre gratuit les transports en commun tous les week-ends.


 


Votre programme ressemble beaucoup à celui d'un parti de gauche … 


Certaines de nos propositions sont en effet de gauche et parfois proches de celles des partis traditionnels. Mais la différence se situe après : si nous sommes aux manettes, nous respecterons nos engagements en les mettant en application. Nos actes seront en conformité avec nos paroles. Tout le monde ne respecte pas ce principe de base. Et nous n’attendrons pas le dernier trimestre avant les élections pour prendre des mesures appréciées, comme la majorité sortante vient de le faire avec le pass Navigo à prix unique (NDLR : le coût est passé à 70 euros et permet de se rendre n’importe où en Ile-de-France) 


 


Croyez-vous en un vote communautaire ? Ceux qu'on définit comme « arabo-musulmans » votent-ils plus pour vous à cause de, ou grâce à, vos origines ? 


Non, je ne le crois pas. C’est une légende savamment entretenue pour diviser les habitants. Les « arabo-musulmans » s’intéressent comme les autres citoyens d’abord au contenu des programmes. Ils veulent juste que la classe politique se renouvelle, qu’elle soit plus proche des électeurs. Ils n’en peuvent plus de toutes ces pratiques politiciennes, comme l’éternel cumul des mandats, « l’entre-soi » entre professionnels de la politique. Il faut donc s’interroger ici sur qui sont les vrais communautaires …


 


Propos recueillis par Nadir Dendoune