Immigration : ces expulsés mis en danger

 Immigration : ces expulsés mis en danger

ALAIN PITTON / NURPHOTO


Le gouvernement français continue d'expulser vers des pays à risques malgré le droit international. Une politique pointée du doigt par les ONG.


Accord en question


Amnesty International et La Cimade tirent de nouveau la sonnette d'alarme concernant la politique migratoire de la France et notamment les renvois de personnes étrangères dans des pays à risques. Craintes exprimées dès le 18 septembre dernier lorsque l’Assemblée nationale votait la ratification d’un accord entre l’Union européenne et l’Afghanistan, ouvrant la porte à un accord de réadmission entre la France et les autorités afghanes.


« La ratification de cet accord envoie un signal dangereux en faveur de la poursuite et de l’intensification d’expulsions de personnes vers des pays qui ne peuvent garantir la protection de leurs droits les plus fondamentaux », s'inquiétaient les organisations en septembre dernier.


Responsabilité


Les craintes des organisations concernant les renvois en Afghanistan sont largement justifiées par le climat dans ce pays. Et notamment depuis le début de l'année comme le note Lola Schulmann, chargée de plaidoyer à Amnesty International France, qui met le gouvernement face à ses responsabilités :


« Entre janvier et fin septembre de cette année, la mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan a dénombré plus de 1 174 décès de civils. Dans un tel contexte, les renvois forcés d'Afghans sont illégaux et violent le principe de non refoulement, lequel interdit tout renvoi d'une personne qui l'exposerait à des violations graves de ses droits ».


Situation soudanaise


La question des renvois vers le Soudan reste également posée. Ces dernières années, le gouvernement n'a pas hésité à renvoyer des personnes vers ce pays qui reste instable surtout après la destitution en avril dernier du dictateur Omar el-Béchir. A l'époque, France Terre d'Asile rappelait que « la situation au Soudan ne permet pas de garantir la sécurité des rapatriés de force, s’inquiètent les ONG ».


Les expulsions vers le Soudan n'ont jamais été suspendues, d'ailleurs deux Soudanais sont actuellement sous la menace d'une expulsion vers Khartoum. Pour les ONG, le message est limpide, la France doit « cesser cette politique qui met en danger la vie de personnes exposées à des risques graves en cas de renvoi forcé vers ces pays ».